Patrimoine délaissé et galvaudé, Ridouane Elhassouni en fait sa cause depuis des années en relevant le défi de travailler sur un sujet de thèse sous le thème : « réanimation d’un lieu tombé dans l oubli. Restauration de la Kasbah de MEHDIA /KENITRA (Projet pilote, musée de pêche et de pêcheurs) obtenu à l’université de Konstanz en Allemagne.
Cet ingénieur architecte fait de ce constat un métier et rentre au Maroc afin de faire bénéficier son pays d’une expertise pour maintenir, réanimer et restaurer ce patrimoine si précieux et si original.
Ridouane El Hassouni - Jeune architecte engagé pour la sauvegarde du patrimoine Marocain
C’est dans la perspective de sensibiliser à l’urgence de réanimer notre patrimoine et de le faire sortir de la charité des institutions internationales que R .Elhassouni a décidé d’organiser un forum national de la sauvegarde du patrimoine marocain. Sous le thème :
« Patrimoine Marocain entre techniques ancestrales et architecture contemporaine »
Pour se rapprocher plus de ce sujet, nous avons interviewé ce jeune architecte :
1. Qu’est ce qui a motivé votre engagement dans la sauvegarde du patrimoine architectural marocain ?
C’est Lors de mon premier voyage d’étude que j’ai diligenté au sud du Maroc avec mes collègues de la faculté d’architecture d’Allemagne sous Le thème « à la recherche des constructions traditionnelles qu’est venu cet amour à l’architecture traditionnelle. Celle ou on utilise l’argile, la paille des troncs de palmier et autres substances naturelles. D’ailleurs ces constructions n’existent plus qu’au Maroc et au Yémen.
Ces constructions sont témoins du passage de l humain et deviennent au fil des ans une partie de notre histoire .Une grande partie qui risque de disparaitre si nous pensons pas à l entretien de ces édifices, kasbah, ksour, maisons etc. ;
Je suis un adepte de la protection de l’environnement et je voulais bien comprendre et maintenir ce type de construction en utilisant en parallèle des techniques modernes car Ces bâtiments véhiculent les caractéristiques de chaque société, époque et les spécificités de l identité de chacune et font la fierté et la richesse de notre patrimoine et de notre identité culturelle.
2. Pourquoi la kasbah de Mehdia ?
C’est un espace que j’ai côtoyé pendant mon enfance à Kenitra, un lieu désert mais que j aimais d’un amour viscéral. Un lieu que j’ai découvert la première fois avec mon frère Aziz, qui réside aujourd’hui en France, et c’est avec lui que j’ai appris à connaitre ce lieu car nous l’utilisions comme raccourci pour aller à la plage de Mehdia. J ai donc grandit avec cette Kasbah sous les yeux et je l ai vu se dégrader en grandissant et Après mes 14 ans d’Allemagne j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir qu’elle a est réduite aujourd’hui à un espace ou se cachent des ivrognes pour picoler.
Ma relation avec la kasbah a dépassé le passage obligatoire de la plage, pour m accompagner dans ma quête du savoir en Allemagne et pour me spécialiser en architecture.
Elle ressortira le jour ou je devais différemment des autres étudiants choisir un sujet de thèse de fin d’étude .Ma proposition viendra faire une heureuse parmi mes profs Myriam Gautschi, qui deviendra mon encadrant par la suite et qui a accompagné ce travail avec beaucoup d’intérêt.
Quand j’ai vu l intérêt que portait cette architecte d’origine suisse à la kasbah et son émerveillement face à ce que je présentais, la je me suis rendu compte que je ne me trompais pas et que j’étais sur la bonne voie.
Aujourd’hui je suis dans mon pays et je travaille avec acharnement pour que la restauration des lieux délaissés soit l’affaire de tous.
Voila mon histoire avec la Kasbah de Mehdia que je rêve de restaurer un jour.
3. Y a-t-il une volonté à changer les choses ?
Depuis que je suis rentré, à Chaque fois, j’entends parler de maisons qui tombent, de mosquées qui s’effondrent et je suis frustré et à chaque fois ou je rend visite à la Kasbah de Mehdia, j’en sort le cœur serré. Dar soultan, dar le caid, la mosquée Moulay Ismaël, la coupole espagnole, le fondouk, la madrassa… Des sites merveilleux, mais il en restera pas grand-chose dans quelques années si on opte pas à leur restauration.
Je crois que la volonté de la société civile est la, mais ce qui manque c’est celle des autorités et l implication effective du ministère de la culture qui est en charge de la restauration du patrimoine culturel.
4. Ne faudra-t-il pas d’abords sensibiliser les marocains à l importance de leur patrimoine ?
Malheureusement, et vous avez du le constater vous-même, les touristes visitent plus nos monuments que nous même les marocains, ils leur accordent une grande importance et veillent à connaitre leurs moindres détails .Nous devons tout d’abords faire un effort pour fédérer la population autour de la donne patrimoine et mettre l accent sur l identité architecturale marocaine dont jouit ces monuments la Koutoubia, la mosquée Hassan, les cimetières Saadiennes, volubilis, les écoles coraniques de souss, les ksours d’Errachidia et environ etc….
Nous n’avons pas le droit de laisser mourir ce patrimoine et la je profite de cet entretien pour tirer la sonnette d’alarme .Nous avons tout à gagner en faisant un effort de les maintenir. Ces kasbahs, ces maisons, ces palais, ces ksour une fois correctement restaurés, peuvent trouver un nouvel objet social. ON peut en faire un théâtre, un café culturel, un musée, une galerie, pour générer des ressources suffisantes qui pourront entretenir de façon pérenne ces édifices et qui garderont la mémoire collective en éveille du passage de nos ancêtres.
5. Comment est venue l’idée d’organiser un forum sur la sauvegarde du patrimoine marocain ? Et quelle est sa valeur ajoutée ?
Pendant mon exercice en Allemagne, en suisse, en France et maintenant au Maroc, il m’arrive souvent dans des rencontres avec les architectes et artistes étrangers qu’on parle de la beauté du patrimoine de notre pays .Mais j avais toujours une frustration quant à l’état délabré que connait un nombre important de nos monuments et de kasbah à travers le Maroc .J ai donc décidé avec des collègues d’ouvrir un débat national et international sur ce sujet et inciter ainsi à en discuter et à trouver des solutions pour restaurer ces lieux au lieu d attendre dans plusieurs cas l apport des ONG pour le faire.
Je conçois que c’est notre patrimoine et que c’est à nous de le maintenir vivant .IL doit survivre aux aléas de la nature pour cela nous devons mettre en place un canevas de travail selon des priorités.
Il y aura un débat scientifique pendant 2 jours auquel prendront part des architectes de renommée du Maroc et de l’étranger .Nous aurons l occasion aussi de connaitre d’autres expériences qui nous seront utiles.
Une exposition sera au rendez vous qui va proposer de visiter le paysage architectural marocain. Elle englobera une large collection d’images prises au Maroc et des aquarelles faites de plusieurs villes et villages de notre beau pays témoins d’un patrimoine d’une originalité et richesse architecturale.
octobre 23, 2010
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