Si "la campagne de récolte et d'usinage des cultures sucrières se déroule normalement à Doukkala, Tadla et Moulouya", des difficultés ont été notées au Gharb et au Loukkos.
Si globalement, d'après le ministère de l'Agriculture, la campagne sucrière 2010-2011 "se déroule dans de bonnes conditions", on reconnaît toutefois que sur les cinq zones productrices de betteraves au Maroc, deux connaissent des difficultés. En effet, selon le ministère, si "la campagne de récolte et d'usinage des cultures sucrières se déroule ainsi normalement dans les périmètres sucriers de Doukkala, Tadla et Moulouya", certaines difficultés ont été, en revanche, notées dans les périmètres du Gharb et du Loukkos et qui se situent au niveau de l'extraction du sucre dans les usines. Et c'est justement là où opère le Groupe des Sucreries de Betteraves Gharb et Loukkos (Sunabel), dont la production représente 8% du marché national du sucre (80.000 sur 1,2 millions tonnes), avec ses deux usines à Mechra Bel Ksiri et Ksar El Kebir.
Selon un opérateur, après le traitement d'à peu près 10% de la production de cette région, il s'est avéré qu'elle est difficilement exploitable, autrement dit, on n'arrive pas à en extraire le sucre. Ce manque de qualité de la production de ces deux régions est dû, selon cet industriel, aux conditions climatiques qu'ont connues celles-ci, avec de fortes pluies, mais également de la chaleur.
Pour y faire face, les services techniques du département de l'Agriculture, notamment l'Institut national de recherche agronomique (INRA) se penchent actuellement, en coordination avec les professionnels, sur les origines et les solutions possibles à ce problème, d'après le ministère, qui se veut rassurant. En fait, affirme-t-il, "cette situation n'aura aucun impact sur les agriculteurs dont la production sera entièrement collectée et rémunérée" et n'influencera nullement le déroulement de la campagne "dont la production assurera un approvisionnement normal du pays en sucre". Ce qu'a confirmé cet industriel qui relativise, par ailleurs, les informations qui font état d'une accalmie sur le marché international des prix du sucre brut, invoquant notamment des doutes sur la contribution du Brésil dans ce marché.
En fait, selon les dernières estimations à ce sujet, ce pays, considéré comme le plus grand producteur mondial de sucre, subit actuellement une sécheresse qui devrait faire baisser sa production de sucre de 1,5 million de tonnes, devant être ramenée de ce fait à 33,7 millions.
De même, ajoute-t-il, on assiste encore une fois à une forte congestion des ports brésiliens et une forte demande dans ce même pays sur l'éthanol qui est produit à base du sucre. Tout cela, conclut-il, risque de soutenir les cours du sucre.
Par ailleurs, la tant attendue nouvelle structure des prix du sucre, à l'instar de la farine nationale du blé tendre et des hydrocarbures, se fait toujours attendre. Surtout qu'avec la montée en puissance des prix sur le marché international (le Maroc importe autour de la moitié de ses besoins en cette matière), l'Etat est amené à plus que doubler ses subventions en faveur de cette denrée.
De même, la marge de transport et de distribution qui est fixée à 6% est largement dépassée, de l'avis de tout le monde, vu les coûts croissants du transport et l'éloignement des régions approvisionnées. Le relèvement de cette marge est déjà acquis, puisque cette idée est partagée par le gouvernement et les professionnels qui se sont engagés dans des discussions sur la nouvelle structure des prix du sucre depuis plusieurs mois. On évoque même, dans le milieu industriel, un net rehaussement de cette marge qui peut atteindre 12 ou même 15%.
Évolution de la production
Avec des superficies emblavées de la betterave à sucre au cours de la campagne 2010-2011 qui s'élèvent à 53.000 ha contre 52.000 ha l'année précédente, on table sur une production de 3 millions de tonnes, en hausse de 33 %. Le ministère a indiqué que le tonnage usiné à ce jour est de 900.000 tonnes, soit 30 % du tonnage global, notant que la campagne d'arrachage et d'usinage de la betterave a démarré au cours du mois de mai. En ce qui concerne la canne, sur la base d'une superficie de 16.000 ha contre 15.000 en 2009-2010, le ministère s'attend à une production de 720.000 tonnes de cette matière première, en progression de 14 % par rapport à celle de la campagne précédente.Repères Marché international
La production mondiale de sucre devrait augmenter d'environ 7% à 170,4 millions de tonnes en 2011-12. Toutefois, la croissance de la demande mondiale devrait rester relativement modérée, à 2,2%.
Les stocks de sucre sont encore faibles. Après 2 années de déficits importants, le ratio stocks mondiaux/consommation de sucre devrait reculer à 33,8% en 2010/11, son plus bas niveau depuis plus de 20 ans
Tout déficit de production induit par des conditions météorologiques défavorables ou par des contraintes logistiques dans les principaux pays exportateurs pourrait entraîner un retour de la forte volatilité des cours.
Par Lahcen OUDOUD | LE MATIN
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire