Kénitra 1916 |
La comparaison est exacte : là où il n'y avait que la prairie, surgit tout à coup une agglomération qui en peu de temps grandit pour devenir bientôt une cité florissante.
Le Maroc nous donne de ces spectacles étonnants. En plein bled, méthodiquement, des villes naissent et se développent.
L'exemple de Kenitra est typique, sur des terrains sablonneux où s'élevait seule la casbah que Moulay Hassan fit construire en 1892, toute une cité est en train de croître.
Le choix de Kenitra comme lieu de ravitaillement amena sur les bords de l'oued Sebou toute une population militaire et civile. L'indigène suivit le mouvement. La population était en 1912 de 1.200 personnes (dont 500 indigènes); en 1918 on comptait 3.595 habitants (dont 2.300 indigènes).
Au Ier janvier 1920 Kenitra possédait 4.566 âmes. Notre confrère, M. H. Gerlier, écrivait au sujet de l'essor de cette ville : « Les travaux entrepris pour l'amélioration du fleuve et du port, le lotissement en 250 lots mis aux enchères de terrains urbains en lisière de la forêt, la construction de la voie ferrée vers Meknès et Fez, l'établissement d'un plan en 1914, en vue de l'aménagement de la ville future, enfin le trafic grandissant du port, ne furent pas sans contribuer dans une large mesure à l'essor ininterrompu de Kenitra. En 1913, trente-cinq navires touchèrent à Kenitra apportant des marchandises ; en 1918, on en compta 343 et les statistiques nous apprennent que 287 bateaux firent escale dans ce port pendant le premier semestre de 1919.
« Nous sommes loin aujourd'hui du village en bois dont les maisons bâties sur le terrain militaire bordaient des voies impraticables, franchissaient des dunes de sable mou. L'embryon de ville de 1912 a fait place aujourd'hui à une agglomération propre où petit à petit les « cagnas» du début font place à de beaux immeubles en maçonnerie, où la rébarbative et banale casbah elle-même, transformée, possédera sous peu une façade de beaux magasins et de confortables appartements. Si l'Administration a porté sur Kenitra un incontestable effort, faisant de ce centre le véritable enfant gâté du Protectorat, si le fait d'avoir été choisi comme base de ravitaillement a déterminé sur ce point un mouvement, une activité dûs aux transports de la guerre, il n'en est pas moins évident aujourd'hui que l'initiative privée a effectué d'importantes et solides réalisations à Kenitra. C'est à l'initiative privée, au commerce local et bientôt à l'industrie que notre port du Nord devra un développement qui ne sera pas seulement passager. De nombreuses sociétés sont venues s'établir là-bas. Les banques enregistrent de gros mouvements de fonds et tous les jours de nouveaux arrivants s'ajoutent à ceux qui ont contribué à la création de la ville nouvelle du Sebou.
« Deux sociétés de transports fluviaux facilitent les transactions avec Mechrab-el-Ksiri et les exploitations
agricoles des rives du Sebou. Les statistiques du tonnage transporté disent hautement l'activité qui se manifeste avec la région agricole dont Kenitra est le débouché. »
1920/04 (A4,N°4).
France-Maroc : revue mensuelle illustrée : [organe du Comité des foires du Maroc]
Auteur : Comité des foires du Maroc
Date d'édition : 1917-1925
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