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L’Université Ibn Tofaïl de Kénitra:Journée d’études Faire revivre l’esprit des Lumières

  •  L’Université Ibn Tofaïl de Kénitra a abrité récemment une journée d’étude sur le thème «Esprit des Lumières pour la lumière des esprits».
  •  Le XVIIIe siècle a été dominé par un courant intellectuel qui a marqué plusieurs pays en favorisant l’esprit scientifique et l’affirmation de l’idée de tolérance.
Le mouvement des Lumières tire son nom de la volonté des philosophes européens du XVIIIe siècle de combattre les ténèbres de l’ignorance par la diffusion du savoir. L’Encyclopédie, dirigée par Diderot (1713-1784) et d’Alembert (1717-1783), est le meilleur symbole de cette volonté de rassembler toutes les connaissances pour les diffuser au grand public. Pour les encyclopédistes, le savoir n’était pas basé sur l’accumulation des connaissances, mais une méthode basée sur la critique.

Ce siècle a été dominé par un courant intellectuel qui a marqué plusieurs pays en favorisant l’esprit scientifique et l’affirmation de l’idée de tolérance. «L’esprit des Lumières a permis à l’Homme d’être au centre du progrès», a indiqué Abdallah Mdarhri Alaoui, président de la Coordination des chercheurs sur les littératures maghrébines et comparées (CCLMC), lors de la journée d’étude, organisée vendredi 25 mai à l’Université Ibn Tofaïl de Kénitra sur le thème «Esprit des Lumières pour la lumière des esprits». Pour Sanae Ghouati, professeure à la Faculté des lettres et des sciences humaines à l’Université Ibn Tofail à Kénitra, «le Siècle des Lumières a été associé à l’athéisme, au colonialisme, mais aujourd’hui nous voulons réhabiliter ce courant philosophique face à la montée de l’obscurantisme et aux replis identitaires. Toujours selon cette spécialiste de la médiation culturelle, le Siècle des Lumières, c’est aussi la période où la raison devient universelle. «Avant d’appartenir à une famille ou à un clan, l’Homme appartient à l’humanité. Quant au bien et au mal, ils découlent de la même source, notre liberté», a estimé Mme Ghouati.

Une des caractéristiques ayant marqué cette époque fut la naissance de l’opinion publique. Les penseurs des Lumières appellent à la vigilance et l’individu a toutes les capacités de résister aux forces conservatrices. «Pour le Siècle des Lumières, la vérité n’était pas une, mais résultait du dialogue», a noté Mohamed Ouled Alla, professeur de littérature française à l’Université HassanII de Mohammedia. L’universitaire germanophone, Mourad Alami, quant à lui, considère que «l’universalité est un bien partagé entre tous les hommes. L’universalité, c’est aussi accepter l’Homme dans sa totalité tout en lui accordant le droit d’exprimer sa volonté dans l’espace public.»
«Les Lumières ne prônaient pas l’athéisme, mais la tolérance religieuse», a ajouté cet enseignant à l’Université Mohammed V à Rabat.

Karima Ouenzar, professeure à l’Université Hassan II-Mohammedia, a, pour sa part, expliqué que «le Siècle des Lumières ne se présentait pas comme un système fermé, mais c’est la naissance de l’art de penser et de critiquer. Cette critique vise à s’émanciper de la tutelle extérieure où le surnaturel n’a plus de place et où la foi devient affaire privée.»

D’après cette spécialiste de littérature, «tout devient objet de connaissance et les tabous finissent par disparaître. La modernité prend source dans le 18e siècle, dans le rôle et de l’individu et de la raison. Ils considéraient le rationalisme comme l’essence de la pensée humaine.» Parmi les penseurs du Siècle des Lumières, Condorcet (1743-1794), qui a combattu à l’époque pour la liberté religieuse des protestants et des Juifs. Condorcet a été le premier à demander le droit de vote pour les femmes, alors que la Révolution française le lui refusait.

Œuvre gigantesque
L’«Encyclopédie» dirigée par Diderot et d’Alembert est la plus incroyable des réalisations du XVIIIe siècle. C’est un énorme dictionnaire de 28 volumes de textes et 11 volumes d’illustrations consacrées à toutes les formes de la connaissance et des sciences. Tous les écrivains et les savants du siècle participent à la rédaction des articles de cette Encyclopédie, dont la publication s’étend de 1751 à 1772. Cette œuvre gigantesque, à l’image de la mondialisation actuelle, a divisé la France et l’Europe de l’époque en deux clans : progressistes et traditionalistes.
Publié le : 30 Mai 2012 - Rachid Tarik, LE MATIN
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