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Agroalimentaire: Les industriels retrouvent le moral

De notre envoyé spécial à Paris, Bachir THIAM
· 1.000 nouveaux produits alimentaires au Sial 2010
· Les classiques du Maroc y tiennent bonne place

POUR le secteur agroalimentaire la crise est désormais un vieux mauvais souvenir. Le Sial 2010 (Salon international de l’innovation alimentaire), qui se tient du 17 au 21 octobre au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte, présente près de 1.000 nouveaux produits gourmands… et souvent étonnants.
Selon le commissariat de l’exposition, «c’est 25% de produits innovants en plus cette année par rapport à l’édition de 2008». Mais le Maroc continue de faire confiance aux classiques du secteur (couscous, huiles d’olive et d’argan, conserves de poissons, pâtes alimentaires), «considérés comme des valeurs sûres», explique le directeur de Maroc Export, Saâd Benabdallah. Le slogan «Saveurs authentiques», abordé au fronton du stand Maroc, de 1.350 m2, qui accueille 72 exposants cette année (contre 64 à la précédente édition), atteste de cette confiance. Mais une adaptation de produits se fait en permanence afin de coller à l’évolution de la demande. Ainsi, Conagro, basée à Kénitra, spécialisée dans la conserverie alimentaire, ou encore Dari Couspates (couscous et pâtes alimentaires) ont innové en se positionnant sur des niches. C’est le cas pour les exposants dans les 3 filières, huiles d’olives, ethnics foods, fruits et légumes, qui connaîtraient «une croissance fulgurante». Les Tunisiens, en concurrents, ne sont jamais loin. Comme par enchantement, cette fois encore, ils font face au Maroc avec presque autant d’exposants (60), mais moins de produits. Au-delà des produits, les leaders mondiaux du secteur fondent leur stratégie de croissance sur deux axes majeurs: l’innovation et l’export. Pour ce qui est de l’innovation, les stratèges marketing rivalisent en trouvailles : «produits responsables», «produits plaisir», «produits ethniques» ou «produits pratiques», les innovations «post crise» de cette édition ont un point commun. «Elles s’attachent à apporter une véritable valeur ajoutée, à fournir de nouvelles solutions, originales et pertinentes, aux attentes de clients toujours plus exigeants», explique un expert du cabinet français XTC World Innovation. Chez la plupart des 5.600 exposants, venus de 105 pays, le credo est le même: «j’innove donc je suis». Credo qui a l’air de trouver un écho privilégié en sillonnant les allées du Sial. Preuve du renouveau de l’innovation dans le secteur, le nombre de produits présentés par les industriels à l’opération Tendances & Innovations, moment fort de l’événement, qui en distingue les 2 meilleures créativités. Ce nombre affiche «une progression spectaculaire, passant à 985 dossiers contre 800 en 2008, soit + 25%!», se félicite-t-on au niveau du commissariat du salon.
De toute évidence, l’enjeu de l’innovation est de taille pour le marché mondial des produits alimentaires, estimé à plus de 3.500 milliards d’euros (36.000 milliards de dirhams). De plus, la dernière étude en date de TNS Sofres sur l’attention aux innovations des Européens, dans le secteur alimentaire en particulier, en dit long. Près de 43% des Européens interrogés dans les principaux pays sont attachés à l’innovation bien que «les niveaux de réponse varient nettement d’un secteur à l’autre». Mais «quel que soit le secteur, l’innovation est spontanément associée en priorité à des bénéfices fonctionnels: être utile, faciliter la vie», relève l’étude.
Le marché européen (destination privilégié de nos produits alimentaires exportables) pèse un chiffre d’affaire de 965 milliards d’euros. Et après une année 2009 tout en résistance, les industries agroalimentaires du Vieux continent affichent déjà les signes avant-coureurs d’une reprise qu’elles contribuent largement à soutenir. En tout cas, industriels et distributeurs (voire les consommateurs), présents au Sial, ont visiblement retrouvé le moral. Les ténors du secteur rivalisent d’ingéniosité. Ils n’hésitent plus à privilégiés des niches notamment communautaires religieuses avec des produits estampillés «halal». C’est le cas dans de nombreux pays d’Europe à forte concentration de populations musulmanes. Sur le marché alimentaire français de 6 millions de consommateurs musulmans, estimé à 4,5 milliards d’euro, l’estampille «halal» explose. Longtemps dominé par les marques historiques, telle que Isla Délice, ce marché est désormais convoité par les plus grands noms de l’agroalimentaire, notamment Danone et Nestlé.

Santé, ethnic, exotic…
CÔTÉ plaisir, l’innovation est également sans limite. De nouveaux fruits exotiques, qualifiés «superfruits» font leur apparition dans les boissons. C’est le cas de acerola, açai, guarana… des plantes originaires du Brésil aux «vertus antioxydantes et anti-infectieuse» ou encore de la grenade de cassis, de la goyave… En un an, «plus de 3.700 produits à base de superfruits ont été lancés dans le monde», selon The innova Database. Des ingrédients complexes ou «hypersophistication», pour consommateurs adeptes du raffinement, généralement des compléments alimentaires, au chapitre des nouveautés. L’innovation ne se limite pas simplement au plaisir et au fun. La santé se révèle également être une thématique porteuse du marché alimentaire. La nutrition médicale veut aussi guérir des maladies telles que le diabète ou les allergies. Les premières estimations de cette niche parlent d’un marché de 2 milliards d’euros. Des gastroentérologues, spécialisés en nutrition, sont débauchés de par le monde par les multinationales qui investissent ce marché. Le groupe français Danone y consacre déjà 230 millions pour la seule recherche.
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