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Kénitra . La société civile monte au créneau

Le torchon brûle entre la société civile et la commune urbaine de Kénitra.Les associations dénoncent le parti pris des élus qui marginalisent leurs actions.Ils créent le Collectif Maamora pour promouvoir la vie culturelle intra-muros.

Une crise qui couve déjà depuis plusieurs mois. Des représentants de la société civile haussent le ton pour dénoncer ce qu’ils appellent la mainmise du conseil municipal sur la vie associative locale. Certains disent même que la commune marginalise des associations dynamiques au profit d’autres qui n’ont d’existence que sur le papier et applique le «deux poids, deux mesures» pour l’octroi des subventions. Ce climat a été à l’origine de la création du Collectif Maamora du tissu associatif de Kénitra. Un cadre qui réunit en son sein des composantes de la vie associative locale, ainsi que des sensibilités culturelles et artistiques ayant en commun le souci de promouvoir la vie culturelle d’une ville qui ne manque pas de talents et de potentialités. Ce collectif, selon ses initiateurs, vise à s’ouvrir sur l’ensemble de la société civile de la ville de Kénitra en vue de créer une forte dynamique répondant aux besoins urgents et diversifiés d’une population composée essentiellement de jeunes. «Nous avons besoin d’infrastructures socioculturelles et sportives suffisantes. La ville de Kénitra souffre d’un manque criant d’espaces culturels répondant aux besoins des mouvements culturels et sportifs existants. Nous aspirons aussi à une participation réelle et efficiente de la société civile à la gestion des affaires culturelles et à la mise en place de politiques publiques au niveau local, conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution», souligne en substance Mustapah Bouhazzama, coordinateur général du Collectif Maamora du tissu associatif de Kénitra. Plusieurs membres du nouveau collectif ont tenu à rappeler, lors des discussions, que ce nouveau-né ne constituait nullement une alternative aux autres structures existantes et ne s’érigeait pas en adversaire contre quiconque. Il puise sa légitimité, disent-ils, de cette volonté de réunification des efforts pour lutter contre toute forme d’inertie et d’immobilisme. Ce mouvement associatif contestataire est le fruit d’une ambiance générale. Les hasards du calendrier ont fait que le collectif a été créé au moment même où un bras de fer opposait la commune urbaine à l’association du Festival de Kénitra. En effet, la crise entre des composantes de la société civile et la commune urbaine a atteint son paroxysme, suite au recours en référé introduit en justice par le conseil municipal contre l’association du Festival de Kénitra pour libérer un bureau qu’elle occupait à la Maison de la Culture «Dar Takafa Moulay Larbi Alaoui». Le conseil municipal a souhaité récupérer ce local pour y transférer ses services administratifs. C’est la goutte qui a fait déborder le vase. En réaction à cette décision, le docteur Taoufik Lahlou a tenu une conférence de presse pour dénoncer ce qu’il appelle un stratagème visant à vider la ville de Kénitra de sa substance culturelle nourricière. «Nous sommes la seule association à recevoir des lettres successives du président de la commune urbaine, indique-t-il, nous invitant à quitter les lieux, alors que d’autres associations y exercent leurs activités. Je pense que ce procès intenté contre nous est une première dans les annales de la ville. Jamais une association culturelle ne s’est trouvée face à face avec le conseil municipal dans l’enceinte d’un tribunal. Je pense que c’est un message adressé aussi aux autres composantes culturelles de la société civile pour évacuer cet espace, dédié dès sa création à l’animation culturelle et artistique. Cette position que je n’arrive nullement à expliquer ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte à la quatrième édition du Festival “Thamusida” de Kénitra. La commune a, depuis cette édition, retiré sa subvention de 40 000 DH. Malgré cela, nous avons pu organiser deux grandes manifestations artistiques ayant rassemblé plus de 40 000 spectateurs.» À noter que lors du jour du procès, et par mouvement de solidarité, une quinzaine d’avocats se sont regroupés pour défendre l’association du Festival de Kénitra. Une action considérée comme un geste de solidarité des avocats avec la société civile de Kénitra qui ne cherche qu’à dynamiser l’activité culturelle et offrir aux habitants de la ville des moments de joie et de partage.

Thamusida, un festival en sursis

Le festival de «Thamusida» a fêté sa cinquième édition autour du thème «Patrimoine du Gharb : authenticité et ouverture». Taoufik Lahlou, initiateur et président de l’association du Festival de Kénitra «Thamusida», bataille pour maintenir cette manifestation dans la ville du Gharb. Même si le festival fait désormais partie du paysage culturel et artistique de Kénitra, il risque de disparaître faute de financement. Il ne reçoit que très peu de subventions, dont l’essentiel vient du conseil régional, du conseil provincial et de la Banque populaire, avec un total de près de 270 000 dirhams. Or le festival connaît un succès indéniable dans toute la région. Il a drainé près de 40 000 spectateurs par jour et a pu s’imposer, malgré les différentes contraintes. Publié le : 30 Janvier 2013 - Driss Lyakoubi, LE MATIN
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