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Zones industrielles En finir avec la spéculation

  • Les engagements sur la valorisation seront plus surveillés
  • Cahier des charges, commission de suivi, évaluation périodique

  
Suffit-il de multiplier les zones industrielles pour que les investisseurs se précipitent? Alors que l’accès au foncier industriel «prêt à l’emploi» reste une requête récurrente, la faible valorisation des sites aménagés à grands frais pose le problème de la synchronisation des politiques publiques et celui plus général de l’aménagement du territoire. Un ancien ministre attribuait ce manque de coordination aux difficultés de syndication entre administrations. La dernière évaluation que vient de brosser le ministère de l’Industrie, du commerce et des nouvelles technologies sur la valorisation des zones industrielles lui donne parfaitement raison. L’offre est abondante, 4.600 hectares sur 90 zones industrielles compartimentées en 12.000 lots. Mais dans ce paquet, il y a beaucoup de disparités et certains sites ne répondent pas aux attributs d’une véritable zone industrielle. A commencer par celle qui concentre le plus d’industries du pays, Sidi Bernoussi à Casablanca. Cela va des parcs industriels intégrés aux espaces d’activités économiques, en passant par les zones franches.
L’essentiel de ces sites a été lancé dans le cadre du Plan d’aménagement des zones industrielles dans les années 1980. Les collectivités locales se sont alors lancées dans une politique de «génération spontanée» de bases industrielles. Chaque région, collectivité locale ou municipalité voulait à tout prix avoir sa zone sans se soucier de l’écosystème qui devait assurer son attractivité. Les infrastructures de raccordement aux réseaux d’eau, d’électricité, d’assainissement, les transports et les télécoms ne suivaient pas toujours. Certes, les quelques expériences réussies sont à mettre à l’actif d’associations ou de chambres professionnelles (Chambre française de commerce et d’industrie qui pilote la zone industrielle de Bouskoura). La zone franche de Tanger et les sites de Fès et de Kénitra font partie de la vitrine des zones opérationnelles.
«Pour le reste, rien n’a changé», d’après la situation dressée par la tutelle au 28 février 2012. Elle s’explique par plusieurs facteurs. En particulier, l’absence d’organismes de gestion, la faible implication des acteurs locaux (collectivités locales) par rapport aux coûts financiers, mais aussi par la spéculation que connaissent certaines zones avec de très faibles niveaux de valorisation.
A titre d’exemple, Oujda-El Boustane qui compte 145 lots n’a valorisé que 26% alors que la superficie disponible aujourd’hui est nulle. Bien évidemment, le reste des lots est probablement gelé en attendant une remontée des prix. D’autant plus que les premiers bénéficiaires n’ont misé que 150 DH/m2. Et qu’advient alors du cahier des charges qui prévoit la restitution du foncier en cas de défaillance des promoteurs? Cet exemple peut être multiplié à volonté et dupliqué à de nombreuses zones où les prix sont très compétitifs. A Khémisset, Rabat, Marrakech, Larache, Tétouan, El Jadida et même à Fès, la fourchette des prix se situant entre 45 et 130 DH/m2. Prix qui grimpent jusqu’à 900, voire 3.000 DH/m2 respectivement dans les zones de Mohammedia sud-est et de Casa-Sidi Bernoussi. C’est qu’il s’agit de sites de dernière génération et où se situent l’essentiel de la production industrielle et les fortes zones de consommation. L’industrie appelle l’industrie.
A Rabat, le ministère de l’Industrie (s’il y arrive) veut revoir le «logiciel» de pilotage du foncier industriel. L’idée est d’appliquer scrupuleusement les clauses des cahiers des charges. Et d’en finir avec la passivité des pouvoirs publics pour atteindre un taux de valorisation de 70% contre 30 à 40% actuellement. Pour cela, quatre mesures ont été définies: l’introduction systématique d’une clause de valorisation dans les contrats liant les développeurs-aménageurs et les investisseurs. En second lieu, les développeurs de projets doivent rendre compte de la situation des attributions et du niveau de valorisation selon le chronogramme fixé dans les cahiers des charges. Ces attributions se feront désormais par une commission sur la base de projets d’investissement. Enfin, le développeur est tenu de communiquer un état trimestriel de l’espace industriel détaillant les attributions, la valorisation et les lots disponibles pour les proposer à d’autres investisseurs.
Pour le moment, nombre de lots non valorisés et parfois non encore exploités dans plusieurs zones tardent à être récupérés par l’Etat. Au ministère de l’Industrie, la difficulté d’exproprier s’explique par l’absence, dans la plupart des cas, des cahiers des charges.

Zéro activité à la ZI de Sidi Kacem

La ville de Sidi Kacem dispose d’une zone industrielle de près de 22 hectares. Elle comporte 70 lots dont la superficie varie entre 800 et 5.000 m2. Mais seulement 43 lots ont été attribués jusqu’à présent dont 37 ont été payés en totalité.

Cependant, les bénéficiaires de l’ensemble n’ont pas encore entamé leurs activités dans cette zone qui, pourtant, dispose de toutes les infrastructures. Question: pourquoi se ruer sur des lots si l’on ne compte pas y démarrer une quelconque activité? Réponse: la spéculation sur les lots est plus rémunératrice.

 Édition N° 3754 du 2012/04/03
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