Home » , , , » Gharb: Dégâts d’un barrage inachevé

Gharb: Dégâts d’un barrage inachevé

  • La salinité menace une zone d’abandon
  • Résultat: effondrement de la production et de la valeur des terres
NETTE dégradation des terres et des revenus. C’est la conséquence du retard pris dans l’aménagement des superficies dominées par les barrages. Au total, environ 110.000 ha sont concernés. Mais l’essentiel se trouve dans la région du Gharb: 95.000 ha. Et la zone de Mnasra, située à quelques kilomètres de Sidi Allal Tazi, est carrément menacée d’abandon. Mais nul n’avance une estimation ni des superficies ni des familles concernées.
Source: ORMVAG
Les superficies non équipées s’élèvent à 95.000 ha dont 38.000 relèvent de la zone côtière. Actuellement, toutes les études sont bouclées selon un nouveau concept qui cadre avec le développement durable. Ces études ont coûté 65 millions de dirhams
Les parcelles y sont cultivées une année sur deux, voire plus. En cause, la salinité des eaux puisées dans l’oued Sebou ou pompées à partir de la nappe phréatique. «Cette zone autrefois réservée aux cultures du riz, maraîchage, canne à sucre, artichauts, tabac, soja et tomate industrielle ne produit plus que les céréales au gré de la pluviométrie», regrette Omar Daoudi, agriculteur. «Pour ce qui est des cultures irriguées, aucun exploitant ne se risque de les pratiquer, sauf à condamner sa terre à la stérilité», renchérit Ahmed, autre propriétaire d’une parcelle de 20 ha. Seuls les locataires procèdent à l’irrigation, car peu soucieux du devenir de la terre mais ne renouvellent pas l’opération sur la même parcelle. Tant le risque de ne rien récolter est énorme. Mais alléchés par le bas prix du bail pratiqué dans la zone, ils se déplacent chaque année de parcelle en parcelle. «Ici, dans la zone aval du barrage de garde Lalla Aïcha, la valeur locative ne dépasse guère les 1.500 dirhams l’hectare contre 5.000 DH à l’amont de l’ouvrage. L’écart entre les prix de vente est aussi astronomique: 250.000 contre moins de 60.000 DH/ha.
Pourtant, la distance qui sépare cette zone des terres rentables et bien prisées est de quelques enjambées.
Comment en est-on arrivé là? «Depuis la construction du barrage de garde, la situation n’a cessé de se dégrader», constate Daoudi qui est ingénieur agronome de formation.

L’Office rassure

Conçu pour lutter contre les sels véhiculés par les marées hautes et réduire les pertes d’eau vers la mer, ce barrage devait être accompagné par l’aménagement des terres avoisinantes. Mais voilà que cet aménagement n’a jamais été réalisé et depuis plus de 20 ans. «Du coup, le taux de salinité dans cette zone a fortement augmenté: 14 grammes par litre», avance un agriculteur. Et même les puits domestiques sont affectés. Ce qui oblige la population à faire entre 5 et 10 km pour aller chercher la ressource potable. Par contre à l’amont du barrage, et de manière générale dans la rive gauche de Sebou, «la qualité des eaux est acceptable pour toutes les cultures», selon les analyses effectuées par les services de l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole (Ormvag). Au demeurant, «l’Office considère les prélèvements d’eau, à l’aval du barrage, d’anarchiques car impropres à l’irrigation».
Tout en reconnaissant le retard pris dans l’aménagement de la zone, les responsables de l’Ormvag se disent conscients de la situation qui sera redressée dans le cadre du Plan Maroc Vert. Pour le moment, toutes les études relatives à l’aménagement des terres dominées par les barrages ont été bouclées. Et le montage financier est en cours d’examen par le gouvernement. L’objectif pour la zone affectée est d’amener l’eau à partir de l’amont du barrage de garde et de recharger la nappe phréatique. «C’est la logique du développement durable qui prévaut actuellement», souligne-t-on auprès de l’Office. De plus, la conception d’aménagement adoptée par le passé n’est plus de mise. Elle ne s’accommode pas avec l’environnement socioéconomique: désengagement de l’Etat, libéralisation des assolements et gestion participative de l’irrigation.
Mais la poursuite de l’équipement hydraulique du Gharb demeure indispensable. A commencer par la rentabilisation du plus grand barrage du Maroc, Al Wahda. Pour les équipements secondaires, l’adhésion des usagers sera recherchée au préalable. Quant aux ouvrages principaux ils seront réalisés en totalité par l’Etat.
Sans oublier l’incontournable agriculture irriguée. Les cultures pluviales n’y occupent que 25% des terres.
Édition N° 3812 du 2012/06/25
A. G.
Share this article :

Aucun commentaire :