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le village de Djemââ (le marché du vendredi).

Djemââ, située au milieu de l'immense plaine du Gharb, est une agglomération importante de gourbis et de masures en terre, entourée de cactus et de figuiers. De fortes sources alimentent le village et donnent à ses environs un aspect verdoyant. Après avoir franchi une première haie de cactus, on pénètre dans une sorte d'enceinte d'un hectare environ d'étendue, à gauche de laquelle s'élève une kouba, flanquée d'une petite mosquée. Le minaret, dont le sommet est orné d'un mât, où se hisse le drapeau aux heures de la prière, nous prévient que nous aurons encore à subir, pendant la nuit, les chants du muezzin.
Au milieu de l'enceinte, une fontaine se déverse dans un large bassin où les femmes du douar viennent, au coucher du soleil, remplir leur cruche, à tour de rôle.
Nous avons sous les yeux la reproduction fidèle de la scène biblique de Rébecca à la fontaine le costume, aussi primitif, ne diffère que par le réalisme de sa saleté, mais ces femmes marocaines ont un talent spécial pour se draper artistiquement dans les plus loqueteux haillons. Il n'est pas jusqu'à la forme des grandes amphores, leur servant pour puiser l'eau à la fontaine, qui ne nous rappelle lé tableau bien connu.
Le guide et le mokrasni demandent aux hommes venus à notre appel, de nous conduire auprès du cheik. Mais ceux-ci, craignant d'avoir à fournir la mouna, répondent que le cheik, c'est-à-dire le maire du village, est absent, et qu'il n'y a personne pour le remplacer.

La mouna est une institution que l'on retrouve dans presque tous les pays musulmans. Elle existe au Maroc, comme autrefois en Algérie. C'est une contribution, imposée aux habitants des doùars, au profit de tous les voyageurs de distinction,

munis d'une lettre officielle, qui les oblige à assurer la subsistance de leurs hôtes et des gens qui les escortent. C'est l'hospitalité officielle; mais ce sont les malheureux qui en font les frais..
Nous nous empressons de déclarer aux gens de Djemââ que nous 'nous présentons en simples voyageurs' et que, bien que porteurs d'une lettre sauf-conduit du ministre des Affaires étrangères du Maroc, sidi Torrès, qui-nous a été remise avant notre départ de Tanger, nous paierons tout ce que l'on nous fournira. Nous demandons simplement à acheter de l'orge et de la paille pour les bêtes; ainsi que des œufs et du lait pour nous..
Source:
Titre : Tanger : la ville des chiens / Achille et René Garnier Auteur : Garnier, René (1874-....)
Auteur : Garnier, Achille
Éditeur : Plon (Paris)
Date d'édition : 1899

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