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Les plages de plus en plus sales

Les plages les plus recommandées dans ce périmètre sont situées à Kénitra, El Jadida, Mohammedia ou Essaouira.

Même si les voix officielles ne tirent pas la sonnette d’alarme, la situation des plages marocaines est sujet de préoccupations. Le tant attendu rapport sur la qualité des eaux de baignade (édition 2011/2012) vient de tomber. Le constat est sans appel! La qualité des eaux de baignade dans les plages nationales a enregistré un recul avec 90,26% des stations de surveillance déclarées conformes aux exigences réglementaires contre 94,48% un an auparavant, soit un recul de 4,22 points. En clair, sur les 349 stations évaluées, 34 ont été déclarées impropres à la baignade. Il s’agit notamment de stations situées à Martil, M’diq, Tanger-ville, Casablanca (Nahla de Sidi El Bernoussi, Nahla Aïn Sebaa et Chahdia ou encore Saada…), Rabat-Salé, Safi et Sidi Ifni. Certaines plages comme Nahla sont cataloguées «impropres» plusieurs années successives. C’est dire qu’aucune mesure n’a été prise pour améliorer la qualité de cette plage. Pourtant, très fréquenté, le site est connu comme étant la plage de Sidi Bernoussi.
Parmi les principales causes de la détérioration de la qualité des eaux de baignade, figurent les rejets d’eaux usées, la forte concentration de baigneurs, conjugués à l’insuffisance des infrastructures d’hygiène (douches, toilettes, poubelles.

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Au total, 141 plages sont couvertes par cette étude (102 sur la rive Atlantique et 39 en Méditerranée). Ainsi, 20 plages comprennent des stations non conformes à la baignade (contre 14 en 2011). Malgré les efforts pour l’amélioration de l’eau de baignade, les chiffres démontrent un manque d’intérêt des autorités ou du moins une insuffisance des moyens déployés.
La qualité du sable n’a pas échappé à l’analyse cette fois-ci. Treize plages ont fait l’objet d’analyses chimiques, mycologiques et typologiques. Les déchets sont essentiellement du plastique et du bois avec de faibles proportions de matières organiques. En général, les plages étudiées ne présentent pas de contaminations par les métaux lourds, à l’exception d’une station basée à Martil (près de l’embouchure de l’oued Martil) qui dépasse la norme en nickel. Par ailleurs, les analyses mycologiques révèlent des contaminations par des moisissures au niveau des plages d’El Jadida, de Sidi Ifni et d’Agadir.
Les experts ont réparti le Maroc en trois zones (Méditerranée, Atlantique Nord et Atlantique Sud). Le classement du rapport repose sur quatre catégories. Les eaux de bonne qualité pour la baignade reçoivent la lettre A. Pour la qualité moyenne, c’est la lettre B. Quant aux eaux momentanément polluées, c’est la lettre C. Enfin, les eaux de baignade de mauvaise qualité reçoivent la lettre D. Dans la côte atlantique nord, 15 stations ont enregistré une amélioration contre 23 ayant accusé un recul. Les plages les plus recommandées dans ce périmètre sont situées à Kénitra, El Jadida, Mohammedia ou Essaouira. Plus au Sud, se sont 7 stations qui sont devenues impropres à la baignade. Sans aucun doute, les plages les plus propres sont situées entre Agadir et Dakhla. Sur 60 stations uniquement, deux sont impropres. Les plus mauvais résultats ont été affichés au niveau des plages du Nord qui enregistrent 28 dégradations de la notation. Pour se baigner dans cette région, il est recommandé de se diriger vers Al Houceima, Driouch ou encore Nador. Par contre, la préfecture de M’diq-Fnidep reste à risque.
Plus généralement, les auteurs du rapport mettent l’accent sur la détérioration de la qualité du littoral. «Une très forte pression est exercée par l’urbanisation sur le milieu côtier». La fleuraison des projets immobiliers et touristiques se fait par moments au détriment de la composante environnementale. D’où le dilemme entre l’incitation à l’investissement et la régulation de la mutation des espaces naturels. S’y ajoute une absence d’organisation de l’espace littoral. «Avec le développement du tourisme et des résidences secondaires, le littoral est devenu un lieu attractif avec vue imprenable sur la mer. L’on observe une privatisation progressive du littoral par acquisition particulière de résidences». Le rapport dénonce également des situations à la limite de l’illégalité. En fait, la bande d’inconstructibilité de 100 m est rarement respectée. Cette mesure rentre dans le cadre du projet de loi littorale qui se fait toujours attendre. Par conséquent, les constructions trop proches de la ligne de rivage accentuent le phénomène d’érosion.


Édition N° 3814 du 2012/06/27
Ilham BOUMNADE
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