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DRAME DE KÉNITRA : Un effondrement en cache un autre !

Dix-huit personnes ont été tuées et 26 autres blessées dans l’effondrement d’un centre commercial en construction dans la ville de Kénitra.
On n’a pas encore enterré les victimes qu’une autre personne meurt après l’écroulement d’une dalle en béton à Rabat.
Dix-huit personnes ont péri dans l’effondrement d’un centre commercial en construction, situé dans un complexe résidentiel et commercial, s’étendant sur une superficie de 4 hectares, au quartier Oulad Oujih à Kénitra. 26 autres personnes ont été grièvement blessées, dont certaines ont été transportées d’urgence vers le CHU de Rabat.
Dés les premières heures qui ont suivi le drame, plusieurs équipes de secours ont été dépêchées sur les lieux, entre autres, les éléments de la protection civile basée à Salé, des unités du génie militaire de Kénitra. Tous ces corps constitués ont été mobilisés pour venir à bout d’un amas de béton, qui a englouti avec lui plus d’une quarantaine d’ouvriers, qui étaient en train de déjeuner au sous-sol de l’immeuble. Selon des témoins sur place, seuls les ouvriers qui sont partis déjeuner à l’extérieur ont eu la vie sauve. Les sauveteurs entendaient des voix crier au-dessous des amas de béton. Certains ont été déchiquetés. Le constat est douloureux. Aussitôt informé, le Roi Mohammed VI a adressé des messages de condoléances aux familles des victimes, et a décidé de prendre en charge les frais d’hospitalisation des blessés ainsi que le transport des dépouilles des victimes à leur lieu de résidence dans les différentes villes du royaume. Certaines victimes étaient venues de très loin pour travailler au chantier, comme Ahmed Farid d’Errachidia et Brahim Ait Daoud de Ouarzazate.
L’immeuble effondré faisait partie d’un projet commercial et résidentiel de 330 appartements. Il appartient à la chaîne Al Manal qui se trouve à Rabat et Salé. Selon les habitants de la région, le projet en construction est édifié sur un exutoire des eaux de ruisseaux. Dès que la pluie tombe, la cuvette est submergée par les eaux, comme cela fût le cas lors des dernières pluies.
Face à la cherté du bâtiment à Rabat, Kénitra était devenue une proie facile pour la mafia du bâtiment. La demande est devenue forte ces dernières années.

Une commission d’enquête mixte
Plusieurs fonctionnaires de Rabat ont commencé à s’installer à Kénitra qui se trouve à 20 minutes de Rabat. Le terrain où s’est déroulé le drame a été concédé par le groupe Al Omrane pour le compte du propriétaire d’Al Manal. Ce dernier avait eu auparavant, des démêlés avec la justice lors de la fameuse opération d’assainissement. Abdelaziz Senhaji qui se trouve actuelement dans une clinique à Agdal, a débuté sa carrière comme négociant en tissu haut de gamme à la médina de Rabat dans les années soixante-dix avant de se lancer dans le bâtiment dans les années 90. Dès l’annonce du drame, l’homme a eu un malaise cardiaque. Son fils a été interpellé par la police dans le cadre de l’enquête sur les circonstances exactes de l’affaire. Six personnes ont été interdites de quitter le territoire pour les besoins de l’enquête. La police a entendu l’architecte, le responsable du bureau d’étude, le chef de chantier et deux de ses collaborateurs.
Mercredi 16 janvier, le ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, s’est déplacé sur les lieux de l’accident avant de se rendre à l’hôpital
Al-Idrissi. Le ministre a affirmé que les mesures nécessaires seront prises et que la fermeté requise serait de mise afin d’éviter de tels drames. Chakib Benmoussa a insisté sur la nécessité de déterminer la responsabilité de tout un chacun. Interpellé au Parlement la semaine dernière, le ministre de l’Habitat, Taoufiq Hjira, a appelé les élus à déployer des efforts supplémentaires pour renforcer l’arsenal juridique en matière de construction pour renforcer les mesures répressives et les mécanismes de contrôle. Pourtant, les mécanismes de contrôle existent déjà. Mais là ou le bât blesse, c’est au niveau de la corruption, comme l’affirme le président de l’Instance Nationale de préservation des biens Publics au Maroc, Mohamed Tarek Sbai. Ce dernier a même qualifié le phénomène de la corruption qui sévit dans le domaine du bâtiment, de terrorisme.
Une commission technique mixte a entamé, dès vendredi 18 janvier dernier au matin, une enquête sur les lieux du site de l’immeuble qui s’est effondré à Oulad Wajih. L’enquête concerne les aspects technique, administratif et procédural, pour déterminer les circonstances de l’accident.
La commission mixte est constituée de représentants des ministères de l’Intérieur, de l’Equipement et du Laboratoire public d’essais et d’études (LPEE), ainsi que des services extérieurs de la Wilaya de Kénitra concernés par la question de l’habitat, comme l’Agence urbaine, les départements de l’urbanisation et le service technique.
La police judiciaire de Kénitra a auditionné, dès le jeudi 17 janvier, six personnes liées au projet de construction de l’immeuble en question, dont le promoteur du projet, l’architecte et le chef de chantier.
Des poursuites judiciaires seront engagées contre les personnes impliquées, sur la base des résultats que la commission mixte va annoncer.
La police judiciaire a également entendu des témoignages de familles et proches des victimes et de blessés dans l’accident.
Selon une source officielle, le chantier avait été contrôlé 3 fois en 6 mois. Aucune hypothèse sur l’origine de l’incident n’est avancée par les autorités jusqu’à présent. On attend toujours les résultats des analyses du LPEE qui a dépêché sur place des ingénieurs et de techniciens, munis de matériels sophistiqués. Sitôt que les secours ont évacué les lieux, l’équipe a procédé au prélèvement d’échantillons du béton utilisé dans les dalles et les piliers et de la terre au niveau des fondations.
«Ce pourrait être un problème avec le sol, les matériaux ou les méthodes de travail», ajoute la même source.
Selon un expert en bâtiments, il est fort possible que le décoffrage ait été fait trop rapidement pour gagner du temps. Le béton était toujours frais lorsque le drame est survenu, affirme un témoin. L’effondrement a été provoqué après que les ouvriers avaient coulé la troisième dalle. Le bâtiment de trois étages s’est écroulé comme un château de cartes en quelques minutes.
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