Plongée culturellement dans un long sommeil profond, la ville de Kénitra semble
ouvrir ses yeux sur une nouvelle ère des plus prometteuses.
Plusieurs manifestations culturelles et artistiques ont été organisées ces derniers temps pour la grande joie d'un public de plus en plus demandeur... Mais l'un des événements-phares de cette rentrée culturelle est sans conteste la Nuit des Galeries, dont le coup d'envoi a été donné jeudi 17 septembre à 20h30, à la salle d'exposition de l'Institut Français-Espace Balzac. Réservée auparavant à la seule ville de Rabat, la 4e édition de cette manifestation culturelle haute en couleur intègre pour la première fois la capitale du Gharb. On peut d'ores et déjà dire que le coup d'essai, comme certains n'ont pas hésité à le qualifier, a séduit le public kénitris tant par son originalité que par son aspect festif. «L'idée est vraiment géniale d'organiser une balade nocturne pour un public qui se déplace collectivement dans la bonne humeur pour découvrir les œuvres de nos artistes», commente avec enthousiasme l'une des personnes ayant fait partie de cette promenade exceptionnelle. Le point de départ de ce circuit artistique était la salle d'exposition de l'Espace Balzac où présente le plasticien Abdelmalek Boumlik ses travaux sous le thème «Couleur de terre». Né à Rabat, Boumilk puise son inspiration artistique de la couleur de terre de son pays natal. Certains critiques d'arts estiment qu'il poursuit sa quête d'une vérité polychrome révélatrice d'une vision du monde où domine la matière et le sentiment douloureux souvent apaisé par des marques du temps. Peintre de la mémoire et des origines, Boumlik, disent-ils, met à nu nos blessures et nos espoirs, sa liberté et ses chaînes. A quelques dizaines de mètres de l'Espace Balzac, le public et les passionnés des arts plastiques se sont rendus à la Fondation Sidi Mchiche El Alami où expose l'artiste Michelle Braka Kadiri ses œuvres. Dans ce lieu dont le décor exerce une fascination par la beauté de son cachet architectural marocain, les visiteurs ont pu découvrir l'étendue du talent de Kadiri, architecte et graphiste de formation. Son travail s'inspire en grande partie de l'architecture marocaine. Les formes géométriques, les couleurs chaudes et contrastées et l'émotion qui se dégagent de ses tableaux peuvent être considérées comme une sorte de réinterprétation de la ville marocaine traditionnelle et de ses diverses espaces urbains. Le troisième lieu qui a été visité lors de cette soirée artistique est la salle d'exposition de l'hôtel « La Maâmora ». Deux peintres y ont exposé leurs œuvres: il s'agit de Sami Ftouh dont le déchiffrage des symboles et des signes nous emmène vers un monde de rêves et de Drissia Aouididden considérée comme figure de « l'école de Kénitra » qui commence à se singulariser depuis quelques temps. On considère que son travail est inspiré de cette terre du Gharb et se présente comme une ode à la sérénité de l'Homme éreinté. La balade nocturne s'est achevée par la visite de l'espace d'exposition du « Jacaranda » où exposent El Mehdi Ichar et Moa Bennani. L'originalité du travail d'Ichar n'est pas le fruit du hasard. C'était l'art figuratif qui le préparait déjà à l'impressionnisme et à l'art abstrait, sans que disparaissent pour autant ces liens et affinités entre les différents styles. En effet, comme cela a été souligné par certains amateurs d'arts plastiques, dans les compositions de notre jeune artiste, oniriques et vaporeuses, les motifs ne sont pas seulement prétexte, mais servent à traduire mœurs et idées. On prédit au jeune Ichar un avenir prometteur dans le domaine des arts plastiques. Quand aux tableaux de Moa Bennani, fruit d'un travail mature, ils ne peuvent pas laisser le visiteur indifférent. C'est une véritable invitation à la contemplation. N'a-t-on pas dit que c'est un peintre de l'acharnement et de la matière ? Bennani entretient, en effet, un rapport passionnel au sensible et aux couleurs de la mer et de la terre. Ses toiles peuvent être considérées comme une abstraction lyrique qui résonne comme une déflagration des sens. Cette «Nuit des Galeries » qui constitue une première pour Kénitra s'est déjà inscrite dans les annales de la ville. A juger les impressions du public qui s'est rendu aux différents espaces d'exposition, ce parcours artistique nocturne, qui on l'espère ne sera pas le dernier, est un véritable succès.
Galeries ou pas!
A défaut de galeries, quatre espaces ont ouvert leurs portes pour abriter les travaux de six artistes-peintres. Il s'agit d'Abdelamalek Boumlik, Michelle Braka Kadiri, Sami Ftouh, Drissia Aouididden, El Mehdi Ichar et Moa Bennani dont la célébrité a traversé les frontières du pays. «Nous avons proposé d'associer la ville de Kénitra à cet événement artistique de grande envergure et l'idée a été bien accueillie par les organisateurs. Nous nous sommes rendus compte que cette ville dispose d'énormes potentialités culturelles et artistiques, notamment dans le domaine des arts plastiques. Cette année nous avons présenté six artistes-peintres. Il y a parmi eux certains qui ont déjà atteint la notoriété comme c'est le cas de Moa Bennani et d'autres jeunes artistes qui sont au début de leur carrière mais qui ne sont pas dépourvus de talents», commente Jean-Jacques Gatein, directeur de l'Institut français–Espace Balzac.
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