La région du Gharb est riche en sites archéologiques. Alors qu'autrefois, on leur accordait que peu d'importance, actuellement de grands efforts sont entrepris pour leur mise en valeur et leur intégration dans le processus du développement économique et social.
Ainsi, dans le cadre de la politique du ministère de la Culture ayant pour objectif la valorisation du patrimoine archéologique national, la conservation des sites archéologiques de Banasa-Thamusida (direction régionale de la culture du Gharb-Cherarda-Beni Hssen) a réalisé récemment des travaux de conservation et de restauration du forum romain (centre monumental) de Banasa. Ces travaux sont les premiers du genre depuis le dégagement des vestiges de cette ville antique par les archéologues entre 1930 et 1956. Selon les initiateurs du projet, ces opérations de revalorisation s'inscrivent dans le cadre des efforts déployés par la conservation pour rendre le site de Banasa plus visible et plus attractif pour les visiteurs et par la même occasion créer une dynamique autour de cet héritage culturel et contribuer à la sensibilisation de la population locale et la société civile à préserver ce patrimoine archéologique et historique, dans la perspective d'intégrer ce site majeur dans un circuit touristique à l'échelle régionale et nationale. Ces travaux de restauration du site de Banasa viennent compléter les actions de sensibilisation menées ces derniers temps autour des sites archéologiques de Gharb par la conservation de Banasa-Thamusida dans le milieu scolaire et associatif au niveau local et régional (conférences, ateliers sur le patrimoine, visites pédagogiques et publications, etc.)Ces opérations de restauration ont été financées par le budget de fonctionnement alloué à la conservation par la direction du patrimoine culturel, elles ont été réalisées sous la supervision de l'équipe technique de la conservation de Banasa-Thamusida. La conservation a bénéficié de la consultation et l'expertise technique de Mohamed Al Jattari, spécialiste en conservation/restauration et mise en valeur du patrimoine. Les travaux de restauration se sont focalisés, en particulier, sur les colonnes et les marches des galeries est et ouest, les murs extérieurs du centre monumental, l'arc de la basilique romaine et le montage et restauration de la porte ouest du forum. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le site de Banasa (toponyme actuel : Sidi Ali Bou Jenoun) est situé dans la commune rurale de Sidi El Kamel, province de Sidi Kacem, à 2,5 Km de la route tertiaire 210 reliant Sidi Allal Tazi à Mechraa Bel Ksiri. Il occupe un emplacement de choix, au cœur de la plaine du Gharb, sur la rive gauche du Sebou. Les anciennes fouilles de Banasa ont livré quelques outils en silex (lames, racloirs, grattoirs) attestant la fréquentation du site dès l'époque préhistorique. Quelques fragments d'amphores et de céramiques, des lampes à deux becs et des bijoux de tradition phénicienne laissent supposer l'existence, à une époque antérieure au Ve siècle av. J.-C., de relations commerciales entre Banasa et les cités maurétaniennes situées sur le littoral et déjà influencées par l'arrivée des marins et explorateurs phéniciens. A partir du IVe siècle av. J.-C., le site de Banasa est occupé par des ateliers de potiers qui, jusqu'au Ier siècle. av. J.-C., ont produit des céramiques peintes et achromes dont des cratères imitant des vases grecs, des pots ornés de bandes ou de filets peints, des tonnelets et des amphores. Entre 33 et 27 av. J.-C., la cité maurétanienne devient colonie romaine sous le nom de Iulia Valentia Banasa. Les vestiges de ce premier établissement colonial sont mal connus, mais la trame urbaine orthogonale du quartier central remonte probablement à cette époque. Quelques fragments de céramiques datés du IVe siècle ap. J.-C. confirment l'occupation du site après le retrait de l'administration romaine vers la fin du IIIe siècle ap. J.-C. Les vestiges archéologiques et les céramiques d'époque islamique découvertes dans le quartier sud au cours des fouilles récentes confirment la continuité de l'occupation du site jusqu'à l'installation des trois marabouts connus à Banasa et dont le plus important est celui de Sidi Ali bou Jenoun toujours fréquenté par les fidèles. Le quartier central de Banasa offre un ensemble de bâtiments publics (temple, forum, basilique judiciaire) inscrits dans la trame orthogonale qui domine dans les quartiers nord et ouest, tandis que le quartier sud et le quartier dit du macellum au nord-ouest sont construits sur des orientations différentes. Au nord du forum, les îlots, organisés selon une trame orthogonale, renferment des bâtiments à vocation artisanale (boulangeries, huileries). Les maisons à péristyle, dont la plus importante est celle du quartier dit du macellum, étaient ornées de mosaïques polychromes. Dans le quartier ouest, traversé par le decumanus maximus, les maisons à péristyle (maison de Venus, maison au diplôme de Domitien, maison à l'Aureus de Juba II) étaient richement décorées de mosaïques. Plusieurs boutiques et bâtiments à vocation artisanale bordent la voie decumane jusqu'au quartier central. Le quartier sud, construit selon une orientation différente, renferme outre des bâtiments à vocation artisanale des monuments publics notamment un grenier (monument à contre-forts) et probablement un temple (le bâtiment à pilastres).Les thermes publics de Banasa présentent un plan parfaitement classique et lisible. Les thermes aux fresques, richement décorés de mosaïques et de peintures murales, sont particulièrement bien conservés.
Anciennes et nouvelles fouilles
Les fouilles entreprises à Banasa entre 1933 et 1956 ont apporté la preuve de la présence d'une occupation maurétanienne qui remonte jusqu'au VIe siècle av. J.-C. et ont largement dégagé les constructions d'époque impériale. La cité romaine de Banasa, protégée par un rempart urbain du IIe s. ap. J.-C., s'organise selon une trame orthogonale, autour d'un forum bordé, des côtés est et ouest de portiques, d'un temple à six cellae de tradition maurétanienne au sud, et d'une basilique au nord. Les nouvelles recherches entreprises par la mission maroco-française de Banasa, dans les thermes aux fresques et dans le quartier sud de la ville ont renouvelé l'intérêt des scientifiques sur le site. Les investigations entreprises sur les ateliers de potiers de Banasa ont permis d'explorer plusieurs niveaux archéologiques qui datent entre le VIe siècle av. J.-C. jusqu'au XIIe siècle ap. J.-C. Ces fouilles ont aussi abouti à la découverte, sous des niveaux d'occupation islamique puis romaine, des vestiges de fours et d'ateliers de potiers qui datent du III-IIe siècle av. J.-C.
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