C’est une longue histoire que je ne peux que résumer. J’ai
commencé ma vie professionnelle par un passage assez court dans
l’Administration, puis j’ai pressenti que je pouvais faire carrière dans le
privé. En 1974, j’ai pris une participation dans une société de bâtiment et
travaux publics, puis dans une autre, spécialisée dans la signalisation
routière. Je me suis investi corps et âme dans leurs développement. D’ailleurs,
le BTP constitue encore le maillon fort de notre chiffre d’affaires. Ensuite, je
me suis intéressé à d’autres secteurs, soit complémentaires de celui des
infrastructures, soit tout à fait nouveaux et mon expérience m’enseigne que
lorsqu’on veut, on peut !Chaque fois que nous avons entrepris une activité avec
rigueur et une approche industrielle, le résultat a été au rendez-vous.
Vous faites appel au marché pour un montant très important, 10 fois supérieur à la précédente introduction en bourse, soit près d’un milliard de dirhams alors que votre résultat 2007 est de 130 millions de dirhams. Destinez-vous ces fonds à une mise à niveau financière des filiales de votre groupe ?
Non, pas du tout. Notre objectif a toujours été d’investir
continuellement pour assurer notre développement. De ce fait, les résultats ne
constituaient pas un but en soi. Nous avons toujours privilégié l’investissement
et continuerons à le faire. Mais, comme vous le savez, sur le plan comptable,
les investissements sont amortissables et nous avons choisi le procédé fiscal de
l’amortissement accéléré qui accentue la récupération et diminue évidemment les
résultats. De plus, nous avons constitué sur nos bénéfices chaque année des
provisions réglementées tant que nous sommes sur un trend d’investissements.
Nous comptons prendre un nouvel élan grâce à l’introduction en bourse, investir
et développer encore et plus, ce qui s’accompagnera certainement de création de
richesse.
Delta Holding est un groupe familial, quelle sera la structure du capital après l’OPV ?
À l’issue de cette introduction, l’actionnariat de la famillePlus précisément, quelle sera l’affectation de cette manne d’argent dont vous allez disposer, qu’en fera Delta Holding exactement ?
Fahim sera dilué et contrôlera la société à hauteur de 72%. De ce fait, les 15%
du capital détenus par HFI, une structure familiale, feront l’objet d’une
cession. D’où la double opération de cession et d’augmentation de capital par
lesquelles nous nous introduisons en bourse et de ce fait, les institutionnels
et le grand public détiendront 28% du capital.
Une grande partie sera affectée, comme je l’ai déjà dit, au
développement global de notre groupe. Mais, il sera essentiellement consacré aux
activités de concessions de services publics, au Maroc et à l’étranger. Nous
participons d’ailleurs à toutes les opérations d’appels d’offres pour les
concessions de cette nature dans notre pays lorsque nous sommes éligibles, mais,
jusqu’à present, nous n’avons pas eu la chance d’être retenus, comme
tels.Pourtant, nous avons déjà une expérience en cours au Cameroun où nous avons
obtenu avec d’autres partenaires de renom la concession de gestion portant sur
la production, le traitement et la distribution de l’eau potable.
Pourquoi pas au Maroc ?
Malheureusement, jusqu’à présent le Maroc préfére utiliserQuels sont donc les autres projets que vous envisagez de financer grâce à cette introduction en bourse ?
l’expérience étrangère. J’espère toutefois que notre appel sera entendu par les
autorités pour que les services publics soient concédés aussi à des nationaux
sachant que les capacités et l’expertise existent dans notre pays.En effet, il
faut que l’on sache que la problématique de la concession des services publics
au Maroc n’est pas encore très favorable aux postulants potentiels nationaux.
Certaines grandes villes marocaines font appel à des étrangers pour la gestion
déléguée, dans l’optique d’obtenir les meilleurs services pour les habitants .
Or au Maroc, il y a des entreprises compétentes dans ce domaine. Il est temps
désormais que l’on nous permette de nous investir dans cette fabuleuse dynamique
que représente chez nous la gestion concédée des services publics. Il est temps
également que l’on comprenne que le Maroc dispose de potentialités humaines, des
ressources et de l’expertise nécessaire pour que ce secteur soit, lui aussi,
soumis à la libre compétition à tous les nationaux capables, aux côtés de
soumissionnaires étrangers.
Il m’est difficile d’entrer dans les détails à ce moment parce
que certains d’entre eux sont encore au stade d’étude, mais je peux vous dire
que nous avons des projets importants à la fois dans la gestion des concessions
de services publics à l’étranger, mais aussi des projets dans le secteur de
l’immobilier et des services. Je rappellerai que dans notre parcours à
l’étranger, nous avons remporté le marché du Cameroun face à des compétiteurs de
renommée internationale.Nous sommes aussi partie prenante dans les travaux
d’infrastructure, et de construction de nos autoroutes et de nos barrages au
Maroc.
Et l’immobilier ?
C’est un secteur qui est à la mode, nous venons d’y réaliser 40
millions de dirhams de chiffres d’affaires l’an passé et comptons y poursuivre
notre développement pour participer et profiter de l’essor qu’il connaît. Pour
l’instant, nous nous sommes spécialisés dans le moyen et haut standing, mais
nous envisageons d’étendre notre activité immobilière à la nouvelle appellation
des logements sociaux, ceux qui sont aujourd’hui proposés à 140 000 dirhams
l’unité. Et comme Delta Holding détient une réserve foncière non négligeable, le
pôle immobilier prendra une place importante.
Le troisième axe de développement de Delta Holding est l’environnement ?
En effet, l’environnement est un sujet très vaste, mais en ceA l’étranger, vous venez de vous implanter au Sénégal?
qui concerne les déchets ménagers, nous avons une autre vision pour ce volet de
l’environnement qui consiste à traiter les dits déchets depuis la collecte
jusqu’à la décharge définitive en passant par le traitement, le tri et la
valorisation au lieu de se contenter de les déplacer simplement des villes vers
les décharges
Effectivement, nous avons crée en 2006 une société à Dakar,
capitale du Sénégal où nous disposons d’une plateforme destinée à couvrir
l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.Après une prospection des différents marchés
africains, nous avons considéré que l’endroit le mieux indiqué pour une bonne
implantation était le Sénégal, d’abord parce qu’il est proche du Maroc et
possède en outre une longue tradition d’amitié avec notre pays. Nous y avons
donc créé une unité industrielle destinée à la galvanisation, activité encore
inexistante pour l’instant dans ce pays, mais aussi à la fabrication de matériel
destiné à la sécurité routière, également encore absente.Par ailleurs, notre
implantation au Cameroun va nous permettre de parfaire notre intervention dans
cette région de l’Afrique dynamique et prometteuse.
Comment êtes-vous venu à vous introduire en bourse ?
Nous avons voulu profiter de la dynamique que connaît
actuellement le Maroc pour nous introduire en bourse car l’environnement
économique le permet beaucoup plus qu’avant. Enfin, Delta Holding est l’œuvre de
toutes ces femmes et tous ces hommes qui y travaillent et je veux donner à ce
groupe un caractère institutionnel au lieu de le laisser à la merci des aléas et
de la durée de vie de son fondateur. L’introduction en bourse est, en quelque
sorte, la transmission d’un patrimoine qui n’appartient plus uniquement à la
famille que je représente.
Justement, l’opération réserve une grosse part de l’offre à des institutionnels ?
Effectivement, nous avons voulu réserver plus de 60% de cetteLa Nouvelle Tribune
offre aux institutionnels car nous voulons qu’ils nous accompagnent dans notre
développement, à la fois par leur expérience, leur présence au sein du conseil
d’administration, etc.
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