La hausse du prix de la dot, des dépenses liées au mariage, difficultés d'accès au logement, changement de mentalité… Les causes sont légion.
De nos jours, la plupart des jeunes se marient plus tard que les générations précédentes. De plus en plus d'hommes et de femmes âgés entre 25 et 36 ans, voire plus, boudent le mariage, au point que le célibat longue durée est devenu un véritable phénomène de société.
Est-ce le résultat des difficultés financières, d'une évolution des mentalités, ou d'un changement de mode de vie ? «Je veux réunir les conditions pour franchir le pas», telle est la réponse de Tawfik. «C'est une question de moyens financiers. Si j'avais un bon salaire, je n'hésiterais pas à contracter un mariage», précise-t-il. Il a ajouté que même les jeunes femmes les plus branchées se soumettent à la tradition quand il s'agit du mariage. « Les femmes qu'elles soient instruites ou analphabètes tendent toujours à suivre le rituel traditionnel des cérémonies de mariage», dit-il.
«La dot aussi », souligne pour sa part son ami Jamal. Et d'ajouter qu'il est presque impossible pour la jeune mariée de renoncer à sa dot. En Islam, la dot est obligatoire mais symbolique. En revanche, dans la culture marocaine, elle représente la "valeur" de la femme aux yeux de son futur époux. Elles sont rares celles qui acceptent une dot symbolique. Les familles de la mariée font du mariage un business. «Leurs filles sont comme un bien à vendre», complète-t-il. Une idée corroborée par Mohamed Al Azhar professeur de droit à l'université Hassan II. « Le montant exorbitant de la dot constitue un véritable handicap pour les jeunes aujourd'hui», précise-t-il. Les coûteuses cérémonies de mariage s'ajoutent à la hausse du niveau de vie et aux difficultés d'accès au logement bloquent les jeunes et les empêchent de se marier tôt, souligne-t-il. Par ailleurs, on peut parler également de ce jeune homme qui décroche un poste au sein d'une entreprise, et qui vit au sein d'une famille composée de dix ou onze membres. Il pense au mariage, mais il n'arrive pas à le contracter.
Etant l'aîné ou celui dont son père et ses frères ont financé les études, il doit accomplir sa partie et subvenir aux besoins de sa famille. Tel est le cas de Abdelghani qui travaille comme commercial au sein d'une société. «Mes frères ont contribué partiellement à financer mes études. En contrepartie, je dois accomplir ma tâche auprès de ma famille. C'est à tour de rôle. J'ai 31 ans. Désormais, je veux bien me marier, mais mon projet est en ‘stand by'. J'ai encore un petit frère et une petite sœur en jeune âge, et je dois aider mon père à les élever», raconte-t-il. Il assure qu'il ne veut pas se marier et vivre avec sa famille comme certains de ses frères ont fait. Il préfère avoir son propre logement. Une idée qui risque de perdurer son état de célibat. « Hier, les jeunes se mariaient et logeaient avec leurs parents. Ce qui est très rare aujourd'hui», précise pour sa part, Mohamed Serbouti, sociologue et professeur à la Faculté de Bouchaïb Doukkali d'El jadida. Les jeunes mariés préfèrent plus d'indépendance et d'intimité.
Ils essaient de trouver un logement qui nécessite des moyens financiers, et cela explique pourquoi les jeunes tardent à se marier, ajoute-t-il. Loin des facteurs économiques et des difficultés financières, il ya aussi la longue durée des études, le changement de mode de vie dû à l'évolution des mentalités et en grande partie à l'autonomie des femmes. «L'âge de mariage a reculé à cause d'autres facteurs aussi. En dehors du facteur économique, il y lieu de signaler le côté ayant trait à la satisfaction sexuelle avant le mariage. Les jeunes, aujourd'hui, vivent une vie de couple sans mariage légale», précise Mohamed Al Azhar. Les jeunes des deux sexes veulent profiter de leur jeunesse, se créer un chemin dans la vie, se lancer dans une carrière professionnelle avant de se caser dans une vie de couple légitime, souligne-t-il. De plus en plus d'hommes et de femmes n'osent pas ou ne veulent pas franchir le pas et préfèrent vivre dans le célibat.
Notamment, dès que la personne commence à gagner un peu sa vie, il pense à diversifier ses partenaires. Elle échappe, par le biais de son autonomie financière, à la tutelle familiale et aux références religieuses, qui condamnent ce type de relations hors mariage. Les gens préfèrent papillonner, souligne Sofia, avant de se caser dans une relation légitime. «Habiter seul, avoir un métier avec un bon salaire, une voiture, faire des sorties entre amis, partir en week-end avec eux, vivre sans contraintes. Être libre au vrai sens du mot», lance-t-elle.
Tradition et modernité
La jeunesse marocaine est ballottée entre la tradition et la modernité. Le retard du mariage peut s'expliquer par le fait que le modèle traditionnel, selon lequel c'est la famille qui marie les enfants, est entrain de s'effriter. L'autre en gestation, qui gagne du terrain aussi, qu'on peut qualifier de moderne, suppose que l'individu prend lui-même la décision. Il a tendance à exercer une pression sur sa sa famille et à négocier avec elle pour le choix du conjoint, ce qui se répercute sur l'âge du mariage : le choix prend du temps et on finit par se marier à un âge plus ou moins tardif.
De nos jours, ce n'est plus la famille qui tranche dans la décision du mariage et dans le choix du conjoint. Celle-ci a tendance à laisser faire les jeunes.
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