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Le Maroc des régions : Kénitra : grande cité portuaire

Le mois sacré du Ramadan est toujours l’occasion pour toutes les publications, indépendamment de leur périodicité, de se mettre au goût de cette période propice au recueillement et à la spiritualité.
La lecture est généralement l’activité la plus prisée. Dans ce sens, nous avons choisi de faire un voyage à travers l’histoire des régions du Royaume en dressant le profil à travers le temps d’un certain nombre de villes marocaines. L’histoire du Maroc qui remonte à plus de douze siècles se révèle être l’une des plus riches et des plus fécondes que l’humanité ait connues. Nous commencerons durant ce mois sacré par le circuit des villes impériales en évoquant certaines de leurs particularités historiques, architecturales et urbanistiques. Il en sera ainsi des principales étapes qui ont marqué l’itinéraire à travers le temps des villes des seize régions du royaume.

Kenitra fut créée par le Maréchal Lyautey en 1912 au bord du fleuve de Sebou en tant que fort militaire français, port et ville. Elle porta le nom arabe de Knitra « petit pont » jusqu’en 1932. En 1911, là où s’étend aujourd’hui une ville moderne et importante, il n’y avait qu’une Kasbah. La ville tire son nom d’un ponceau qui fut construit sur l’oued Fouarat en amont de la Kasbah et détruit en 1928. Avec l’indépendance du Maroc, la ville reprendra son nom d’origine et sera donc renommée Kenitra.
Le 15 Août 1912, Le Général Lyautey décide d’adopter Kenitra comme base de la voie ferrée entre Salé et Fès. Dés lors, l’aménagement de la ville est entrepris sans retard et Lyautey décide d’en faire un port commercial et militaire. Le Port de Kenitra, fondé en 1913, est un important centre d’exportation de cultures maraîchères, de bois issus de la forêt de la Ma’moura, de pêche et minéralier. Le Général Lyautey décida que, à compter du 1er janvier 1913, le port ne serait plus réservé aux seuls besoins de l’armée mais sera également ouvert au commerce.
Le 19 décembre 1914, Lyautey apposait son paraphe vigoureux sur le plan de la ville future qui lui était soumis. Dès 1917, un centre d’aviation maritime avait été installé sur la rive gauche du Sebou à quelques kilomètres en aval de Kenitra. Il fut désarmé en 1921 sans avoir connu une grande activité. En 1932, Kenitra revendique le parrainage de son illustre fondateur et obtient de prendre le nom de Port-Lyautey.
Kenitra qui, selon l’expression du Général Lyautey, n’était en 1912 qu’ « un point dans l’espace » est devenue le chef-lieu de sa propre province mais également de la région de Gharb-Chrarda-Beni Hssen. Celle-ci est située au nord-ouest du Maroc, sur la côte Atlantique, juste sous la province de Tanger-Tétouan. Kenitra possède l’unique port fluvial du Maroc et dispose d’une importante base militaire qui, jusqu’en 1963 était une base aéronavale américaine.
Parmi les plus beaux monuments que compte la ville de Kenitra, on peut citer la Mosquée Mchiche Alami. Cet édifice religieux est un véritable joyau architectural dédié à la grandeur de son créateur, Mustafa Mchiche Alami. Il a fallu près d’une décennie à ce féru du patrimoine musulman pour parachever ce magnifique ouvrage.
Pour sauvegarder notre patrimoine culturel, il s’est déplacé à plusieurs reprises en Andalousie et s’est inspiré des fresques de la mosquée d’Al Hambra et de celles de Grenade. Le minaret de la Mosquée Mchiche Alami est une merveille qui combine le style de la Koutoubia et les motifs andalous.

De Petit-Jean à Sidi-Kacem
La ville de Sidi Kacem est le chef-lieu de la « province de Sidi Kacem » (région de Gharb-Chrarda-Béni Hssen) ou plus communément des « Chrardas ». Elle a été fondée en deux étapes qui lui ont valu deux pôles distincts : la Zaouïa et le centre ville avec le souk al-Khmis installé dans la plaine.
Sidi Kacem a donné son nom à la ville peu après l’indépendance en 1956. C’est le tombeau d’un Saint musulman et le siège de la Zaouïa qui s’occupe de l’entretenir et d’accueillir les pèlerins. La fondation pieuse occupe les dernières hauteurs qui dominent le Rdom sur la rive gauche. Sidi Qasim bou ‘Asriya attire les pèlerins depuis quatre siècles. Son tombeau est devenu le centre religieux de la tribu guich des Chrardas arrivée bien plus tard dans la région.
La proximité de la Zaouia a dû contribuer au succès du souk al-Khmis. C’est non loin du souk que s’installe vers 1912-1916 « un village de colons français et espagnols », dont beaucoup venaient d’Algérie. Leur dessein était de mettre en valeur les riches terres du Rharb. La ville avait un cimetière et une église européens. Sidi Kacem n’était qu’un camp militaire créé lors de la fameuse marche sur Fès en 1911. Le colonel Gouraud lui a donné le nom de Petitjean à la mémoire du capitaine des Tirailleurs Algériens. Le capitaine Petit-Jean tomba le vendredi 19 mai au cours d’un accrochage contre les Beni Ahmed à environ 2 km de Kenitra.

Ouazzane : Ville sacrée
La ville d’Ouezzane portait, autrefois, le nom de « Village du mont aux mythes ». Son histoire se confond avec celle de son fondateur, Moulay Abdallah Cherif, descendant d’Idriss II. La légende raconte que le Saint, qui s’était installé sur le mont Jbel Bou-Hellal, là où s’érigera Ouezzane au XVIIe siècle, avait symboliquement acheté la montagne avec son territoire qui s’étend jusqu’à l’oued Zaz.
La vieille médina de la ville d’Ouazzane a ceci d’original, c’est qu’elle n’est pas cernée par des remparts. La puissance de cette confrérie religieuse et le caractère sacré de la cité la mettaient sans doute à l’abri des menaces externes.
Il existe néanmoins des portes, associées aux murs extérieurs des demeures anciennes, qui permettaient de fermer la médina à la manière d’une enceinte. La première porte est connue sous le nom de Bab Fatha. C’est un arc simple en plein cintre surbaissé en briques cuites et pierres sèches. Elle daterait du VIIème siècle. La seconde porte est nommée Bab Jmouâa. Elle est constituée par un arc brisé doublé par un arc lambrequins. Les écoinçons sont ornés d’un riche motif géométrique sculpté et le tout est surmonté d’une console pilastre supportant un avant de tuiles vertes vernissées. Les passages couverts ou Sabats, peu nombreux, constituent une autre spécificité de la cité. Ils sont constitués par une ou plusieurs pièces construites au niveau du premier étage d’une demeure. Dar-Skaf, le quartier le plus ancien de la médina, est le site où se serait installé le fondateur de la Zaouia Ouazzania Moulay Abdallah Chérif, dont la demeure subsiste encore. Ce quartier faisait le siège de la Zaouia Ouazzania. Il est associé à celui de Zaouia qui abrite la célèbre mosquée réputée par son minaret de forme octogonale. Le bâtiment principal consiste en un vaste patio, autour duquel une galerie à arcs brisés distribue quatre salles. Cet édifice devait servir uniquement de lieu de résidence et de siège administratif. Il abritait également un palais réservé à l’accueil des affiliés et des pèlerins. A ces deux quartiers vient s’ajouter l’ancien Mellah regroupant la communauté juive de la ville.
La ville d’Ouezzane fut choisie par le Chérif Moulay Abdallah Ben Brahim pour abriter, en 1727, une zaouïa dont le chef a toujours été choisi parmi les érudits les plus pieux du pays. La Zaouïa Ouazzania, berceau de la confrérie religieuse des Taïbia, d’origine Jazoulite (Shadhilite), acquit très vite sur le plan politique une importance qui se renforça durant les XVIII et XIXème siècles. Elle a joué, en effet, un rôle considérable dans la lutte contre l’influence turque et, pendant le mouvement de résistance étatique de l’Emir Abd el-kader, contre la France. Elle s’appelait également « Dar dmana » (la maison de garantie) en cela qu’elle constituait à la fois un centre spirituel un asile de protection pour quiconque demandait refuge aux Chorfas de Ouazzane.
La Zaouïa Ouazzania possédait une prestigieuse bibliothèque dont les ouvrages traitaient de thèmes aussi divers que la spiritualité, l’astronomie, le soufisme ou la philosophie. Ces collections uniques servaient de documentation aux disciples du Cheikh de la Zaouïa à l’époque où la ville d’Ouezzane jouissait d’un grand rayonnement spirituel et culturel qui dépassait le cadre de la religion. En vue de préserver la bibliothèque Sidi Abdellah Ben Chrif, la Rabita des Chorfas d’Ouezzane et la Fondation Sidi Mchiche El Alami ont organisé, le samedi 24 mars 2002, à Ouezzane, une journée d’études consacrée à ce riche patrimoine culturel et religieux. La ville d’Ouezzane est, aujourd’hui, considérée comme une ville doublement sainte. Les pèlerins musulmans viennent en effet de tout le Maroc pour visiter la mosquée Moulay Abdallah Chérif, un haut lieu de la civilisation arabo-musulmane, tandis que les Juifs se rendent sur le tombeau du Rabbin Amrane Diourane.


Sites archéologiques de la région du Gharb-Chrarda-Beni Hssen
Banassa
Le site de Banassa, actuellement « Sidi Ali-Bou-Jnoun », occupe un double monticule étiré du nord au sud sur la rive gauche du Sebou, à 17 km en aval de la ville de Mechraa bel Ksiri. Le site de Banassa et ses alentours ont probablement été fréquentés dès l’époque préhistorique et protohistorique (outils en silex, céramique modelée). Quelques amphores, des lampes à deux becs et des bijoux en or attestent la fréquentation du site à l’époque phénicienne. Vers le Vème siècle avant notre ère, le site est occupé par des ateliers de potiers. De ces installations artisanales, dont les traces n’ont été reconnues qu’à l’occasion de sondages limités pratiqués dans le quartier méridional de la ville, sont issus des produits céramiques portant la marque d’influences phéniciennes, grecques et ibéro-puniques, mais témoignant d’une originalité locale indéniable. Les recherches récentes entreprises à Banassa ont confirmé l’importance de la production céramique et ont amplement enrichi le répertoire des céramiques banassitaines par des formes inédites. En l’an 25 avant notre ère, une colonie romaine portant le nom de Colonia Iulia Valentia Banasa et administrativement rattachée à la province de Bétique (Espagne) est créée à l’emplacement de la cité maurétanienne. Au début du règne de Marc Aurèle, Banasa devient colonia aurélia et demeure un centre florissant jusque vers 285 après Jésus-Christ, date à laquelle la Maurétanie Tingitane est réduite aux territoires situés au nord de l’oued Loukkos. Banassa est alors abandonnée. Toutefois les recherches récentes prouvent que des traces d’une occupation postérieure subsistent.
Les fouilles archéologiques entreprises entre 1933 et 1956 ont largement dégagé les vestiges de l’époque romaine. Le quartier central offre un ensemble de bâtiments publics (temple, forum, basilique…) inscrits dans la trame orthogonale qui domine dans les quartiers nord et ouest. Le quartier sud est construit sur une orientation différente ainsi que le quartier dit du Macelum au nord ouest. Plusieurs grandes maisons à péristyle, des établissements de bains publics, des boulangeries et des bâtiments à vocation artisanale et commerciale ont été mis au jour. Un tronçon du rempart qui entourait la ville a été dégagé au sud ouest.

Thamusida
Le site de Thamusida (Sidi Ali ben Ahmed) se trouve au bord du Sebou, sur sa rive gauche. Les ruines d’une superficie de 15 hectares occupent des éminences culminant de 9 à 13 m. La région de Sidi Ali ben Ahmed, et probablement le site lui-même, ont été occupés aux temps préhistoriques. Vers le milieu du IIème siècle avant J.-C., le plateau qui domine le fleuve dans la partie nord du site porte un habitat caractérisé par une architecture en terre et par la présence de vases céramiques peints. L’agglomération maurétanienne continua à exister jusqu’à la conquête romaine. Les recherches récentes effectuées à Thamusida témoignent de l’existence d’une occupation antérieure au IIème siècle avant notre ère. Dès le règne de Claude (41-54 après J.-C.), des constructions en dur se multiplient. Thamusida abrite probablement un port actif dont témoignent les nombreux débris d’amphores entourant le plateau et devient un point de débarquement et un centre romain de ravitaillement.
Sous les Flaviens (69-96 après J.-C.), une garnison militaire romaine séjourne sur les lieux. La ville donne des signes de croissance ; elle se dote d’un temple (le Temple à bossages), de thermes et de maisons d’habitations dont une à cour centrale. Sous Trajan (97-117 après J.-C.) ou sous Hadrien (117-138 après J.-C.), une nouvelle structuration de l’espace urbain semble avoir lieu en conférant à la ville un plan d’urbanisme orthogonal où s’inscrivent les thermes reconstruits et le petit temple du nord-est dédié à Vénus-Astartés. Le développement et l’enrichissement de la ville se reflètent dans l’agrandissement et la transformation continue des thermes du fleuve, dans la construction de nouveaux temples bordant la rive du Sebou et de nouvelles habitations dont la Maison du dallage qui adopte le plan des riches demeures de Volubilis et d’Espagne. Des maisons modestes, des ateliers et des locaux utilitaires occupent des quartiers entiers. En plus de ses fonctions commerciales et industrielles qui sont à l’origine de son développement, la ville de Thamusida devait jouer un rôle militaire important. Elle était peuplée de vétérans et sous Marc-Aurèle (161-180 après J.-C.). On y construisit la plus grande forteresse de Tingitane pour assurer la protection de la population civile. Sous Commode (176-192 après J.-C.) ou Septime Sévère (193-211 après J.-C.), la ville se dote d’une enceinte qui a remployé des stèles funéraires et écrasé une partie de la riche Maison du dallage, ce qui indique que l’ouvrage fut dicté par la crainte d’un danger proche ou lointain. Au IIIème siècle, la ville est toujours active, si on en juge par l’étendue des thermes du fleuve et la densité des trouvailles céramiques jusqu’à ce que survienne l’abandon définitif. Ce dernier a eu lieu entre 274 et 280 après J.-C., mais on ne sait pas s’il est consécutif au départ de l’armée ou à une cause postérieure. Des trouvailles éparses et quelques murs ainsi que des ébauches de fortifications repérés dans les ruines de Thamusida attestent d’une occupation éphémère des lieux postérieurs à la date de l’évacuation.

La Kasbah de Mehdia
Les origines de Mehdia sont encore incertaines. Le plus ancien document cite le nom de Thymiaterion-Subur, une ville bâtie à cet endroit par les Phéniciens au Vème siècle avant notre ère. Sur la rive Ouest, à 30 km vers l’amont du fleuve, on retrouve des vestiges encore visibles d’une ville romaine : Thamusida.
Mehdia se situe sur la rive gauche du Sebou, à une trentaine de kilomètres au nord-est de la ville de Salé. Construite sur un escarpement rocheux, ses fortifications se dressent encore au bord de l’Atlantique pour dominer la plaine côtière et protéger l’embouchure de l’oued. Les ruines de la Kasbah de Mehdia se dressent sur une colline qui a vu se hisser des constructions carthaginoises, romaines, puis vandales sur l’emplacement choisi par Hannon, roi de Carthage, lors de son célèbre périple africain.Les Ifrénides ou Béni-Ifrene, tribu amazigh, l’occupèrent vers 900 de notre ère.
Al Ma’moura (l’ancien nom de Mehdia) est prise 46 jours par des Portugais en 1515, convoitée par les Hollandais, mais finalement remportée en 1614 par les Espagnols. Entre temps, c’est une base de départ pour de redoutables pirates. En 1681, après de nombreuses tentatives, le Sultan alaouite Moulay Ismaïl s’empara de la ville. C’est alors que l’ancienne forteresse arabe reçut le nom de Mehdia qui signifie l’offerte, sans doute grâce aux trésors récupérés avec sa libération. Plusieurs monuments s’élèvent encore à l’intérieur de la citadelle. Une enceinte et deux portes dont une, située à l’est, est monumentale. Cette dernière, construite en pierre taillée, évoque les portes de l’arsenal de Salé ou encore les grandes portes de Laâlou et de Bab Zaer de l’enceinte almohade de Rabat. A l’intérieur, outre des bâtiments en ruines, la Kasbah est embellie d’un complexe architectural monumental : la maison seigneuriale du Caïd ar-Rifi construite au XVIIème siècle, un hammam privé hispano-mauresque, des citernes, une prison et une mosquée. A cela, s’ajoutent des masures, des boutiques et des fondouks.
A l’époque de Moulay Slimane, la fermeture du port d’Al Mahdia fut décidée en 1795, ainsi que d’autres ports afin de prévenir les infiltrations étrangères.
Mehdia connut un regain d’intérêt au début du XXème siècle. A partir de 1911, elle devient la deuxième base après Casablanca. En 1942, Mehdia est choisie par les Etats-Unis comme point de débarquement des forces alliées envoyées pour affronter les forces nazies. Après leur victoire, les Américains s’attelèrent à la construction d’une grande base aéronavale à Kenitra. Elle a alors connu un essor rapide grâce à l’activité de son port, aux offres d’emploi générées par la base américaine. Elle a développé des secteurs nouveaux dans l’industrie et les services. Le port de Mehdia est, maintenant, à vocation de pêche et minéralier.

Al Basra
La ville d’al-Basra ou al-Hamra - la rouge - se situe sur la route de Souk el-Arbâ en direction d’Ouezzane, à environ 40 Km de la côte atlantique et à une vingtaine de Kilomètres au sud de la ville d’al-Ksar el-Kbir. Fondée probablement à la même époque que la ville d’Asilah (entre 180H/ 796 ; (régence de Rachid ) et 803H/197. ( régence d’Idriss II )), la ville d’al-Basra connut un épanouissement considérable et s’éleva rapidement d’une simple bourgade à une résidence estivale des émirs idrissides. En 958, une expédition d’un général du calife al-Mu‘izz, Jawhar donna naissance à un petit état idrisside d’obédience fatimide dont la capitale fut la ville d’al-Basra et s’étendant au Rif et au Ghomara. En 979, le ziride Abu al-Futuh Yusuf Ibn Ziri, connu sous le nom de Bullugin, dirigea son armée en direction de Sebta (Ceuta), fit détruire les fortifications de la ville d’al-Basra avant d’être repoussé par les Zenâta et les Andalous de Sebta.
Ibn Hawqal, géographe du IXème siècle, rapporte qu’elle est une ville d’étendue moyenne protégée de remparts et que ses productions sont nombreuses, notamment le coton qui est exporté à destination de l’Ifriqiya (Tunisie-constantinois). On y trouve aussi en abondance le blé, l’orge et d’autres céréales. Sa prospérité est grande, car c’est une ville marchande. Au XIème siècle, la ville se développa et devint l’une des grandes agglomérations. Le siècle suivant, la cité perdit de son importance. Trois siècles plus tard, J. Léon l’Africain confirma le déclin et l’abandon de la ville. Les fouilles entreprises dans ce site depuis 1980 ont permis une meilleure appréhension de l’organisation spatiale du site, la découverte d’un atelier métallurgique et d’outils lithiques attestant de l’importance archéologique de la cité. L’enceinte de la ville d’al-Basra, percée autrefois de dix portes, fut en grande partie détruite. Son tracé, dont il ne subsiste que les fondations, épouse le relief et s’étend sur une longueur de 2.5 Km circonscrivant une superficie de 30 hectares. La muraille, épaisse de 2.20 m, est construite en moellons et renforcée par des tours semi-circulaires. Une citerne construite en pierre a été également mise au jour par les fouilles. Elle est couverte par une voûte supportée par des arcs transversaux et mesure 4,25 m de large et 6,00 m de longueur.

Rirha
Situé à 8 Km au nord de Sidi Slimane, à 500 m du gué de Sidi Jabeur, le site de Rirha occupe, sur la rive droite de l’oued Beht, une colline triangulaire d’une dizaine de mètres de hauteur, allongée d’est en ouest et enserrée par un méandre de l’oued. Les fouilles entreprises sur le site en 1955 ont permis d’esquisser les grandes lignes de l’histoire du site. En effet, l’occupation des lieux semble remonter à la première moitié du IIème siècle et probablement au IIIème siècle avant notre ère. Elle correspond à un habitat caractérisé par une architecture en terre (briques crues). L’activité principale parait consacrée à la fabrication de la céramique dont témoignent les vestiges de four et de nombreuses galettes isolantes « colifichets ». Les produits fabriqués à Rirha sont des vases de céramique peinte assez proches de ceux de Banassa et des amphores cylindriques à épaulement. La présence romaine remonte pour le moment au Ier siècle après J.-C. et dure jusqu’au IIIème. C’est à cette étape d’occupation qu’appartiennent les vestiges dégagés ainsi que 9 fragments d’inscriptions latines dont certains sont des stèles funéraires. Le site n’est que très partiellement dégagé, mais les affleurements de constructions et l’importance de la céramique jonchant le sol indiquent que les ruines débordent du méandre et occupent, de l’est à l’ouest, une longueur de 600 m. Quelques traces d’une enceinte construite en blocage parementé, qui devait être percée d’une porte, les restes d’un établissement thermal, un bâtiment composé de six pièces ouvertes sur un péristyle à quatre colonnes et dont les trois centrales conservent des traces de fresques sont les seules vestiges actuellement visibles sur le site.
Le site de Rirha est identifié avec la ville antique de Gilda citée dans les sources antiques.
Le nom de la ville apparaît sur des briques marquées « facta gild (ae) » découvertes à La ferme Priou au bord du Beht et à Sidi Ahmed Ben Rahal au bord de l’Ouerrha.
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