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Des droits accordés aux marchands ambulants au Maroc

Les marchands ambulants marocains bénéficieront bientôt d'aides, ont annoncé les responsables gouvernementaux.
Après avoir été ignorés durant de longues années, les marchands ambulants marocains bénéficieront bientôt d'une aide dont ils ont grandement besoin, a annoncé aux parlementaires, le mois dernier, le ministre de l'Industrie et du Commerce Abdelkader Amara. Le ministre a expliqué que les approches antérieures étaient unilatérales et basées sur la fixation de ces marchands par les autorités publiques. Il a signalé aux parlementaires le 8 janvier qu’un nouveau cadre organisationnel sera mis en place pour permettre à ces commerçants des rues de travailler dans la légalité. Les marchands seront autorisés à travailler dans des lieux précis et selon des horaires déterminés dans les villes. Amara a également annoncé l’intention de son ministère de créer un fonds pour financer la nouvelle réforme qui prendra en considération le volet de sensibilisation et de formation de ces marchands. Une expérience pilote sera bientôt lancée à Kénitra, à 40 kilomètres au nord-est de Rabat, en collaboration avec les autorités locales, a-t-il expliqué. Les quelque 240 000 marchands ambulants dans les villes et les cités marocaines subviennent aux besoins de plus de 1,3 million de personnes, a ajouté Amara. Les parlementaires ont interpellé le responsable gouvernemental sur ce phénomène pour lequel "aucune stratégie efficace n’a été mise en place". Ils ont souligné la nécessité de trouver des solutions adéquates visant à encadrer ces vendeurs et les aider à sortir de la précarité, tout en sauvegardant l’espace public de l’anarchie. C’est également le vœu de ces marchands. Certains que Magharebia a pu rencontrer ont tenu à rappeler le cas de leur "confrère" Mohamed Bouazizi, qui a été à l’origine du déclenchement de la révolution en Tunisie. Karim Msemmer, 32 ans, travaille en tant que marchand ambulant de fruits depuis quatre ans. Licencié en droit, il est resté au chômage pendant cinq ans avant de décider de se lancer dans cette profession. Il signale qu’il aurait aimé avoir un magasin où il pourrait exercer son métier sans avoir peur des patrouilles de police qui confisquent parfois la marchandise. "Notre situation est fragile. Nos gains sont très limités. Si l’Etat nous aide, les choses peuvent changer", explique-t-il. Karim gagne entre 2 500 et 3 500 dirhams par mois et doit subvenir aux besoins d’une famille de six personnes. Depuis le décès de son mari il y a dix ans, Souad Cherrat a été contrainte de travailler pour élever ses trois enfants. Au départ, elle vendait des légumes, puis elle a décidé de se lancer dans la vente de vêtements. "Mon quotidien est difficile. Il y a toujours l’appréhension des autorités. En outre, rester dans la rue pendant toute la journée et une partie du soir sans se protéger ni du froid ni du soleil entraîne des problèmes de santé", explique-t-elle. La sociologue Samira Kassimi estime que le gouvernement doit améliorer la situation sociale des marchands ambulants qui constituent, selon elle, une véritable bombe à retardement. "L’Etat doit les aider à sortir de la précarité. Ces marchands doivent basculer du secteur informel au secteur formel à travers un accompagnement aussi bien financier que technique", explique-t-elle. Elle ajoute que les approches qui ont été adoptées jusqu'à présent ont montré leurs limites, notamment en ce qui concerne le recasement des marchands dans des marchés situés à la périphérie des villes.
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