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Art. Mehdi Qotbi, roi des couleurs

Le peintre marocain MehdiQotbi reçoit aujourd'hui les Palmes académiques des mains de LucChatel. Une décoration de plus pour cet artiste amoureux des signes et des symboles, qu'il rehausse de millecouleurs...
«Vous êtes le calligraphe des mondes, le créateur d'avant la Création, le seul peintre à donner une forme et des couleurs à la parole», lui a écrit Jean d'Ormesson. Medhi Qotbi pourrait être, à presque 60ans, un personnage de fiction, tant sa vie est romanesque. Né au Maroc, à Rabat, dans le quartier modeste de Takaddoum, il réussit à entrer dans le prestigieux lycée militaire de Kenitra. À la demande d'un surveillant, il dessine un tigre sur le mur de l'établissement, pour illustrer le nom de son groupe de scout, «les Tigres». Ce jour-là, l'élève médiocre qui n'avait jamais tenu un pinceau suscite l'admiration des autres. «Cette peinture a changé mon existence, se remémore le peintre, affable et souriant. C'était la première fois que mes camarades ne me battaient plus, que je savais faire quelque chose qu'eux ne savaient pas faire».

Homme de réseau

Dès lors, il ne cesse de chercher le regard des autres, leur amitié, leur amour, avec un besoin de reconnaissance d'autant plus fort qu'il en a été privé, enfant. Qotbi se lance dans la peinture, à l'instinct. Et rencontre le plus grand peintre marocain du moment, JilaliGharbaoui. Il lui montre les quelques toiles qu'il avait peintes pendant la nuit, avec les mains. Et s'achète enfin du matériel avec la vente de sa première oeuvre. Peintre non figuratif, adorant la précision, Mehdi Qotbi représente des signes, des traits et des symboles, habillés de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel... «Je suis croyant mais je me considère comme quelqu'un de tolérant, d'ouvert, qui respecte la croyance des autres», souligne-t-il. Homme de réseau, il rencontre le roi du Maroc, Hassan II. Puis son fils, Mohammed VI, à qui il dédicace son dernier livre. «C'est quelqu'un de profondément humain, soucieux des autres, aimé de son peuple et attentif à ceux qui sont dans le besoin». Il est aussi, en France, proche de Dominique de Villepin et de Brice Hortefeux. L'arrivé de Mohammed VI au pouvoir et les changements qu'il a entrepris dans le pays ont d'ailleurs conduit Mehdi Qotbi à quitter Paris, où il a vécu 37 ans, pour retourner au Maroc, à Casablanca, il y a quatre ans. «J'avais envie de retrouver lien avec mes racines».

Dior, la signature de la réussite

La reconnaissance, le peintre marocain continue de la savourer. Il a reçu tout dernièrement le prix de l'Académie des Beaux-Arts, quai Conti, pour son magnifique ouvrage «Écrits et Esprits», édité aux éditions du Chêne. Les décorations, il les collectionne d'ailleurs. Officier de la Légion d'honneur, du Mérite, Palmes académiques, Ordre du Trône au Maroc... Medhi Qotbi a tout obtenu. L'enfant solitaire a su se transformer en père aimant, attentif au bonheur de ses deux filles, Fanny et Marine, aujourd'hui étudiantes. «Mais ma toute première victoire, c'était de pouvoir vivre et manger à ma faim». Ce qu'il a pu faire grâce à sa peinture. Sa dernière fierté? Avoir signé avec la maison Dior, pour une ligne d'accessoires, lui qui avait déjà développé une ligne de jeans à son nom. Il porte d'ailleurs un foulard autour du cou et montre fièrement sa griffe dans l'un des coins du carré de soie. La signature de la réussite, pour le gamin des bidonvilles qu'il a été.
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