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La nutrition comme facteur de risque et de guérison

 14.12.2010
L'obésité et le tabagisme arrivent en tête des facteurs de risque. Adopter un mode alimentaire sain et équilibré est incontournable pour prévenir et guérir le cancer.
«Cancer et nutrition », tel était le thème d'une journée scientifique organisée samedi 11 décembre à Rabat à l'initiative de la Société marocaine de Nutrition. D'éminents experts et chercheurs nationaux et étrangers ont participé aux travaux de cette journée organisée sous l'égide du ministère de la Santé. « L'organisation de cette journée vise à mieux cerner la problématique du cancer et de la nutrition afin d'offrir une meilleure qualité de vie pour les personnes atteintes de cancers », indiquent les organisateurs dans un communiqué de presse. Les conférences données s'intéressaient à la nutrition comme étant à la fois un facteur de développement et de traitement du cancer.

L'alimentation, le poids corporel et l'éducation nutritionnelle, peuvent être, selon l'usage dont on fait, des facteurs de risque, de prévention ou de guérison. A cet égard, les statistiques fournies par Rachid El Bakkali, directeur général de l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer, prêtent à l'inquiétude. L'on constate ainsi une forte prévalence du tabagisme parmi la population (30%), et une prévalence de l'obésité de 14%. Concernant le mode alimentaire, M. El Bakkali relève que 40% des Marocains ne consomment pas suffisamment de légumes et que 64% s'exposent au soleil entre 11H et 14H sans protection. «Nos priorités pour l'instant sont de lutter contre le tabagisme surtout en milieu scolaire et de promouvoir l'adoption d'un mode de vie sain en favorisant une alimentation saine et équilibrée, en réduisant le surpoids et l'obésité et en promouvant l'activité physique », fait-il savoir. S'il y a une maladie qui impacte négativement l'alimentation, c'est bel et bien le cancer.

« La dénutrition est souvent associée au cancer. Elle est plus fréquemment observée que dans d'autres pathologies. 21% des patients suivis pour cancer présentent un amaigrissement supérieur à 10% du poids habituel », constate Hassan Aguenaou, professeur à l'Université Ibn Tofail de Kénitra.

A noter cependant que la fréquence de cette dénutrition varie selon les types de cancer. « Ainsi pour les patients traités pour un cancer du sein, la dénutrition est moins fréquemment observée (19,3%), qu'au cours des néoplasies du tube digestif proximal (49,5%) ou bien des cancers de la tête et du cou (45,6%) », poursuit M. Aguenaou. Plusieurs facteurs sont à l'origine de la dénutrition observée chez les malades. Entre autres, l'anorexie centrale, la satiété précoce, les troubles du goût et de l'odorat, les effets mécaniques de la tumeur, les effets secondaires des traitements anticancéreux, la malabsorption et les syndromes dépressifs ou douloureux associés.

Tous ces éléments vont être responsables d'anomalies métaboliques et de modification des dépenses énergétiques. D'où la nécessité de la prise en charge nutritionnelle des patients. Une prise en charge qui ne doit pas selon le professeur Aguenaou être réduite à un simple exercice de compensation des pertes caloriques et protéiques.

Ce qui serait important d'après lui, c'est d'élargir le concept de la détection de la dénutrition à celui de la détection du risque nutritionnel. Cette dernière inclut le fait que le statut nutritionnel peut être normal et la situation nécessitera néanmoins, une prise en charge nutritionnelle spécifique.


Plan national de prévention et de lutte contre le cancer
Tel que présenté par Rachid El Bakkali, directeur général de l'Association Lalla Salma de lutte contre le cancer, le plan national de prévention et de lutte contre le cancer 2010-2019 est basé sur 78 mesures précises déclinées en actions cibles dans les domaines de la prévention, de la détection précoce et de la prise en charge. Parmi les mesures-phares de ce plan, la lutte contre le tabagisme considérée comme « la priorité des priorités ».

Jusqu'à présent, 900 collèges et lycées et plus d'un million d'étudiants ont été ciblés. Pour assurer la surveillance du cancer, une structure spécialisée sera créée et aura pour mission de suivre les facteurs de risque et de rendre des rapports tous les 5 ans.

De nouveaux centres d'oncologie seront également construits pour un coût de 800 millions de dirhams. Par ailleurs, le plan prévoit des actions pour l'accompagnement psychosocial des malades ayant perdu leur travail et faire valoir leurs droits.

Repères Etat des lieux

30.000 nouveaux cas de cancer sont recensés annuellement au Maroc, dont 1.200 enfants
Le cancer serait responsable de 7,2% des décès au Maroc
40% des cancers des cas de cancer peuvent être évités
70 à 80% des patients sont arrivés à un stade avancé de la maladie
1 malade sur 2 a accès aux soins spécialisés
50% des malades sont perdus de vue sur un an, et 74% sur 2 ans.



Par Meriem Rkiouak | LE MATIN
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