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Comment un souk à Moulay Bousselham est devenu le vecteur économique d'une localité rurale

De création récente, le souk Lakhmiss à Moulay Bousselham a coûté à la commune 6 MDH qu'elle a empruntés au FEC, et qu'elle a totalement remboursés. Il attire chaque semaine plus de 2 000 commerçants et compte 25 boutiques ouvertes en permanence. On y trouve de tout; les vendeurs se plaignent des maigres recettes, mais n'ont pas pour autant déserté ce lieu de vie et de commerce depuis sa mise en place.
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Pour les Marocains, Moulay Bousselham évoque surtout une virée estivale, et ce n’est pas un hasard que cette commune rurale de quelque 25 000 âmes attire plus de 150 000 visiteurs en été. La notoriété de cette minuscule localité dépasse même largement le Maroc grâce à sa lagune Al Merja zarqua où nichent des centaines de milliers de flamands roses chaque hiver. Mais, ce ne sont pas les flamands qui attirent la curiosité des autochtones, forcément blasés. Pour eux, la grande attraction reste le souk du jeudi, souk Lakhmiss qui attire chaque semaine quelques milliers de visiteurs vivant dans les 25 douars des alentours et au-delà. Pourtant, ce souk, contrairement aux cinq autres de la région de Chrarda à Al Gharb (Had Oulad Jelloul, Sebt Lalla Mimouna, Tnine Sidi Mohamed Lahmar…) dont la tenue remonte à plusieurs générations -c’est le cas de la majorité des souks au Maroc- est de naissance récente : 1992, soit la date de naissance de la commune après le découpage électoral d’alors. Les responsables communaux ont fait de sa mise en place leur priorité puisqu’il a eu lieu avant même la construction du siège de la commune.

Le souk est parfaitement intégré dans l’économie de la région


L’aménagement a coûté 6 millions de DH, que la commune a empruntés au Fonds d’équipement communal (FEC) et qu’elle a depuis remboursés. L’idée, explique le président de la commune depuis 1992, Chaoui Belassal, qui est originaire de la région et son député sous l’étiquette UC, est de faire du souk un vecteur économique et un tremplin pour les potentialités de la région. Il rappelle à ce propos que la région a attiré durant les dernières décennies plusieurs investisseurs étrangers et nationaux qui ont choisi d’y cultiver la cerise. Pour garantir le succès du souk, les conseillers communaux ont tout fait, y compris convaincre les propriétaires des fermes de la région de payer leur personnel mercredi, au lieu de vendredi auparavant. Aujourd’hui, le souk est parfaitement intégré dans l’économie de la région, sans oublier qu’il contribue substantiellement aux recettes de la commune, même si le but premier n’était pas du tout d’ordre financier, expliquent les conseillers de Moulay Bousselham.

Tout le monde trouve son compte dans le souk, qu’il s’agisse du cordonnier Abboud Riahi, du réparateur de cocottes-minute qui n’a pas une minute à lui, sans compter Laâyoune Riah qui troque ses habits d’agriculteur contre un tablier de cuisinier de fortune pour vendre ses sardines frites à 2 DH la pièce. Bien évidemment, ce ne sont pas les seuls piliers du souk car il y a de tout. Ceux qui offrent leurs légumes frais et qui s’approvisionnent chez les paysans du coin, les bouchers qui se mettent à deux ou à plusieurs pour abattre quelques bêtes dont la viande sera écoulée à longueur de journée… Personne n’est en reste, même le vendeur d’articles d’habillement, Mohamed Miftah, qui se plaint du maigre chiffre d’affaires et des chapardeurs qui le dépouillent dès qu’il a le dos tourné. Voici comment il s’approvisionne : «Les quelque 400 pièces que j’expose ici sont pour la plupart achetées à Derb Omar à Casablanca. Evidemment, il faut se préparer dès l’aube, trouver un moyen de transport pas cher, planter la tente et avoir l’œil à tout pour quelques centaines de dirhams encaissées en fin de journée. Les meilleurs jours, je récolte 800 DH». Pourtant, les 2 000 commerçants qui viennent à souk Lakhmiss font tous les souks de la région mais sans jamais gagner assez et parfois même, à les en croire, accusent des pertes.

La commune a suspendu les taxes pendant deux ans pour encourager les commerçants à venir au souk


Un peu à l’écart de ce souk où la vente du bétail est exclue pour le moment, on trouve les marchands de blé, de maïs et d’orge. L’un d’eux, Youssef, sur place depuis 6 heures du matin, donne les prix : 3,50 DH le kilo de blé dur et 2,70 DH pour le blé tendre. Lui aussi n’est pas content du chiffre d’affaires et récrimine contre la cherté du transport : 180 DH pour arriver depuis son douar à une cinquantaine de kilomètres de là.

Chaoui Belassal, lui, est heureux que le souk sur lequel il a misé se tienne toutes les semaines avec une affluence qui ne se dément pas. Mais il a fallu faire des efforts. «Entre 1998 et 1999, explique-t-il, nous ne percevions aucun droit pour encourager les commerçants à venir exposer leurs marchandises». Aujourd’hui, 25 boutiques sont ouvertes en permanence en dehors du souk hebdomadaire et il faut croire qu’elles ont de la clientèle qui vient des douars avoisinants. Plus loin, au niveau du centre de Moulay Bousselham qui, lui, compte 120 épiceries, pour beaucoup d’habitants c’est le souk qui les attire et non les boutiques. Bien entendu, c’est pour eux le moment hebdomadaire privilégié d’acheter des légumes et surtout de la viande bovine et ovine indifféremment au prix de 60 DH le kg.

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