Slalom entre voitures, tables et marchandises
- Le trottoir est considéré par les usagers comme un lieu où ils se sentent en sécurité. Malheureusement, ce n’est pas le cas à Kénitra. Ce droit le plus élémentaire est bafoué par des comportements inciviques.
- Entre voitures, terrasses de cafés, espaces occupés et différents travaux, les trottoirs perdent peu à peu leur fonction d’origine.
De leur côté, les terrasses de cafés constituent aussi une autre source de soucis pour les piétons. Au-delà des limites permises, plusieurs propriétaires de cafés investissent la quasi-totalité des espaces réservés aux piétons, qui n’ont le choix que de slalomer entre les chaises et les tables ou de descendre carrément sur la chaussée à leurs risques et périls. Certains automobilistes peu scrupuleux poussent le bouchon un peu loin en garant leurs voitures sur le trottoir à côté de la terrasse de leur café préféré ou devant une administration.
Malgré les efforts consentis
Si certains cafetiers agissent sans se soucier le moins du monde de ce qui peut arriver de grave aux piétons, d’autres commerçants légaux ou à la sauvette s’accaparent une partie du trottoir pour étaler leurs marchandises obligeant les passants à emprunter le bitume. Il faut reconnaître que des efforts ont été entrepris récemment par les autorités locales et les services de la Sûreté nationale pour endiguer ce phénomène, malheureusement on chasse le naturel, il revient au galop.L’urbanisation a, par ailleurs, accentué la pression sur l’espace public réservé aux piétons. En effet, Kénitra manque cruellement de parkings et certains automobilistes garent leurs véhicules sur le trottoir sans se soucier des désagréments causés aux passants désemparés. «Les automobilistes oublient-ils qu’en descendant de leurs voitures, ils deviennent eux aussi des piétons, comme les autres, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs ?» remarque avec pertinence un passant qui essaie de se frayer un chemin entre une rangée de voitures au boulevard Mohammed Diouri, en centre-ville. Outre le stationnement anarchique des voitures, plusieurs trottoirs sont dans un état de délabrement avancé. Les crevasses, les fissures et les trous béants ne se comptent plus. Le passant éprouve d’énormes difficultés pour éviter les mauvaises surprises devant tant de pièges. Parfois, le piéton doit être extrêmement vigilant pour savoir où il met les pieds. Il est constamment sous pression et il n’est pas à l’abri d’une déconvenue. Plusieurs piétons se sont d’ailleurs plaints d’avoir été victimes de chutes, parfois graves, à cause des trottoirs défoncés ou à niveaux variables.
Le malheureux piéton, après avoir réussi à contourner ces différents obstacles, doit parfois se plier en deux pour éviter les branches des arbres d’ornement mal entretenus. Les personnes âgées, les handicapés et les parents accompagnés d’enfants en bas âge sont les premiers à souffrir de cette situation devenue de plus en plus intolérable. «Pour notre sécurité, utilisons les trottoirs» est l’un des slogans du Comité national de prévention des accidents de la circulation. Le souhait des piétons, notamment à Kénitra, est que le trottoir devienne vraiment un espace où ils se sentent en sécurité. Le Code de la route a prévu une amende transactionnelle et forfaitaire de 25 dirhams au piéton en infraction aux règles de la circulation. Vu l’état actuel des trottoirs, c’est à une pluie d’amendes que devraient s’attendre les piétons qui marchent sur la chaussée malgré eux.
Piétons : 26,33% des victimes de la circulation
Des statistiques du ministère de l’Équipement et du transport ont révélé que 3 778 personnes ont perdu la vie dans 65 461 accidents de la circulation survenus en 2010. Les piétons représentent 26,33% des tués. Plus du quart des victimes. Ils occupent malheureusement la deuxième place derrière les victimes des voitures légères qui constituent 38,01% des personnes décédées.Publié le : 26 Août 2012 - Driss Lyakoubi, LE MATIN
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